Imprimer

Analyse 2021-07

« Ceux-là, ils m’insupportent, avec leur supériorité morale ! » L’expression revient couramment dans la parole publique. Souvent, ce sont les partisans du droit d’asile et les militants écologistes qui écopent de ce reproche. C’est même devenu un élément de langage chez certains cadres de la N-VA, comme Theo Francken1 ou Bart De Wever2. Mais, au fond, qu’est-ce que la supériorité morale, et est-ce réellement un défaut ?

Qu’en dirait Emmanuel Kant ?

Nombreux sont les philosophes qui ont écrit sur la morale ; cette analyse ne saurait donc être exhaustive. Nous ne nous arrêterons que sur un seul, Emmanuel Kant (1724-1804), pour rappeler son apport majeur à l’éthique philosophique : le concept d’impératif catégorique. Les formulations de cet impératif sont multiples, mais citons celle-ci : « je ne dois jamais me conduire autrement que de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime soit vouée à devenir une loi universelle3. » Par maxime, il faut entendre la règle que l’on se donne pour accomplir une action, la logique ou la justification qu’on entrevoit dans sa conduite. La morale kantienne repose sur le principe d’universalisation de cette maxime. Autrement dit, ce que nous enseigne Kant, c’est qu’un sujet moral se doit de toujours adopter un point de vue universel ou objectif (c’est-à-dire valant pour tous) et non pas un point de vue subjectif, centré sur lui-même uniquement.

Chez Kant, l’action morale n’est pas dérivée de son contenu (par exemple, il serait absurde d’établir une liste des « bonnes actions ») mais de sa forme. L’action morale est celle dont la maxime peut être universalisée, c’est-à-dire celle qui peut valoir pour tout homme, en toute circonstance. C’est la raison pour laquelle cet impératif est dit catégorique ; car, contrairement à l’impératif dit hypothétique, celui-là n’est soumis à aucune condition. C’est un devoir universel, auquel devrait être soumis tout être raisonnable — la morale kantienne ne déroge ainsi pas au principe de justice.

Revenons aux attaques politiques évoquées plus haut. Ce détour par la philosophie nous enseigne qu’un sujet moral adopte une conduite bonne non seulement pour lui, mais pour tous.  Selon la définition kantienne — et n’en déplaise à certains défenseurs de l’idéologie libérale —, une personne individualiste est donc moralement inférieure à une personne altruiste4. Quant à certaines politiques écologistes décriées, elles sont précisément morales (du moins, les plus ambitieuses) en ce qu’elles visent à ramener notre consommation d’énergie à un niveau plus équitable vis-à-vis du reste du monde. Rappelons qu’en 2016, la Belgique consommait 6,3 fois ses propres ressources5 (nous sommes dès lors tributaires d’autres pays, notamment à l’égard de leur capacité à absorber le CO2 que nous émettons) ; il va de soi que pareille conduite ne saurait être universalisée !

Parlons plutôt de prétention morale

Mais ce qui est visé, arguera-t-on, ce sont les postures. C’est un sentiment de supériorité morale ou une illusion de supériorité morale dont seraient épris certains militants ou politiciens. Ce sentiment ou cette illusion les conduirait, in fine, à se comporter en hypocrites. Or c’est peu dire que l’hypocrisie des écologistes choque l’opinion ; souvenons-nous des polémiques suscitées par le  patrimoine automobile de Nicolas Hulot6 ou par le déplacement en avion de Marie-Christine Marghem lorsque, ministre fédérale du Climat, elle s’est rendue à la COP24 en Pologne7. Ces seuls exemples en disent long.

De nos jours, ce reproche de la prétention morale (car c’est de cela qu’il s’agit : d’une supposée volonté non-fondée de se distinguer dans un domaine déterminé, au nom des valeurs qu’on affiche) est bien présent dans la sphère médiatique, et ce sont souvent les « militants climat » qui en font les frais. Or, si des mandataires publics peuvent être astreints à un devoir d’exemplarité, est-il bien légitime de reprocher un manque de cohérence à de jeunes manifestants ? Ne sommes-nous en effet pas tous empêtrés dans des contradictions, dues non pas à l’insincérité de notre engagement mais à des contraintes qui nous dépassent8 ? Quant à l’idée que la conduite d’une personne peut neutraliser ses propos, elle demeure à démontrer9. Mais la complexité de ces questions n’a pas empêché Bart De Wever — encore lui ! — de fustiger l’incohérence des écoliers grévistes10.

Même quand ses cibles sont des personnalités médiatiques et non des anonymes, il n’est pas garanti que cette critique soit méritée. Si une figure comme Hugo Clément agace peut-être à bon droit, lorsque celui-ci publie son Journal de guerre écologique tout en commercialisant un agenda à son effigie11 et en parcourant le monde pour tourner son émission Sur le front12, on peut s’étonner que Greta Thunberg ait tant de détracteurs, elle qui voyage en voilier, ne vend aucun produit dérivé13 et a pour seule demande qu’on ne l’écoute pas elle, mais les scientifiques. C’est peut-être que ces personnalités sont finalement visées non selon leur degré supposé de prétention, mais de manière indiscriminée, au nom de la menace qu’elles représentent pour les tenants de la croissance à tout-va.

Dès lors, si l’on ne peut tolérer qu’une cause juste soit récupérée à des fins de profit personnel (c’est le fameux « greenwashing » souvent dénoncé) et s’il est dans l’intérêt de tous que les porte-paroles de la cause climatique demeurent crédibles aux yeux du grand public, il serait hasardeux de hiérarchiser ces personnalités selon la sincérité de leur engagement. Lorsque de telles critiques émergent — et tout particulièrement lorsque, parfois, elles prennent l’allure de campagnes de diffamation —, il faut se demander à qui profite le crime ; qui aurait intérêt à décrédibiliser nos aspirations à une vie moins déréglée, plus respectueuse de la planète ? Sans surprise, ces manœuvres émanent souvent de la droite néolibérale14 et des milieux climatosceptiques, qui sans doute connaissent la devise diviser pour mieux régner. Les écologistes se conduiraient alors en « idiots utiles » s’ils cédaient aux sirènes de ces luttes fratricides.

Quid de leur stratégie de culpabilisation, alors ?

Tout de même, si la véritable supériorité morale n’est rien d’autre que la marque des altruistes et si la prétention morale n’est qu’un phénomène marginal ou un leurre qu’il nous diviserait trop de combattre, que dire des tactiques de culpabilisation que mettent parfois en œuvre les écologistes ou les défenseurs de la cause animale ? Ne prouvent-elles pas qu’ils jugent le grand public coupable dans ses pratiques de consommation, tandis qu’eux se réservent le beau rôle d’avant-garde éclairée ?

La première chose à dire est que, chez certains, cette culpabilisation est un réflexe inconscient, qui permet aux militants de se protéger de leur propre sentiment de culpabilité. C’est en ces termes que le phénomène est analysé par Jean Le Goff, un doctorant au Laboratoire de Changement Social et Politique de l’université Paris 715. D’autre part, loin de relayer ces discours culpabilisants, nombre de militants écologistes dénoncent au contraire la responsabilisation individuelle comme étant un écran de fumée qui dissimule de rôle d’acteurs politiques et industriels dont l’impact est autrement plus grand16. Dans certains cas, cet écran est d’ailleurs consciemment déployé par des industries cherchant à dissimuler leur propre responsabilité ; il a ainsi été démontré qu’aux États-Unis, des lobbys de l’industrie du plastique financent des spots publicitaires recourant à des images culpabilisantes pour promouvoir le recyclage, tout en mésinformant gravement sur l’efficacité de ces procédés et dès lors sur la soutenabilité de leur modèle de production17 (on en revient au fameux « greenwashing » évoqué plus haut).

Certains groupes écologistes visant un basculement de notre modèle de société combattent dès lors cette rhétorique de la responsabilité individuelle. L’idée que notre système serait soutenable si chacun faisait diligemment sa part d’écogestes est à leurs yeux un mythe ; or, l’adhésion à ce mythe retarderait la mise en place de mesures réellement efficaces pour faire face à l’urgence climatique. C’est dans cet esprit qu’un mouvement comme Extinction Rebellion inclut explicitement dans ses dix principes fondateurs le refus des discours moralisateurs ou culpabilisants18.

En guise de conclusion

Sans nier que des personnalités médiatiques peuvent rechercher un certain prestige dans la mise en scène de leur sensibilité écologique, ni que certains recourent, consciemment ou non, à des stratégies de culpabilisation pour promouvoir un mode de vie plus vert, nous constatons que la question de la « supériorité morale » est plus complexe qu’elle n’y parait au premier abord. Ces travers s’intègrent en outre dans un contexte large de soupçons et de tensions — c’est la fameuse cancel culture ou call-out culture, qui méritera bien qu’on lui consacre une prochaine analyse. Il convient donc d’éviter tout raccourci populiste, qui lisserait cette réalité complexe sous des slogans.

Cette analyse nous enseigne aussi que, s’il est sain de s’interroger sur les postures des écologistes ou sur l’image qu’ils peuvent renvoyer, il importe également de prendre en compte l’origine de la critique. On le sait, certains milieux réactionnaires n’ont pas leurs pareils pour imposer insidieusement leur vocabulaire dans le débat public. À force d’employer les mêmes éléments de langage, relayés sans précaution dans la presse, des termes comme Français de souche19, bien-pensance ou droit-de-l’hommisme20 ont fini par percoler dans le lexique de certains grands médias et menacent désormais d’intégrer le langage quotidien et de servir de brèche à l’agenda de leurs premiers utilisateurs21 (voyons aussi comment, à la faveur de la crise de l’asile de 2015, le terme migrant a progressivement remplacé le terme réfugié). Par conséquent, ce reproche de supériorité morale doit être considéré avec suspicion, non seulement car il enferme ses cibles dans un agglomérat sans nuance, mais encore car il pourrait polariser la sphère publique, au seul bénéfice des extrêmes22.

 

 

  

 

 

 


1 Francken a utilisé ce terme à l’encontre de Stefaan Vercamer (député CD&V) dans le contexte de l’expulsion d’une famille albanaise (« Climat tendu autour de l’asile alors que trois dossiers sont en attente », dans L’Avenir, 6 mars 2018, page consultée le 11 mai 2021), à l’encontre du parti Ecolo (« Quatre ans après, tout le monde en a marre. Trop de taxes, trop de supériorité morale ») durant la campagne électorale de 2019 (Adrien de Marneffe, « Theo Francken : “Si les Wallons votent à fond à gauche, ce sera le confédéralisme” », dans La Libre Belgique, 20 mai 2019, page consultée le 11 mai 2021) ou encore pour fustiger tout à la fois « [l]e PS, Ecolo, PTB, mais aussi plusieurs faiseurs d’opinion de gauche [qui] ont perdu les pédales » (page Facebook officielle de Theo Francken, 1er octobre 2017, page consultée le 11 mai 2021).

2 En 2018, De Wever employait ce terme pour critiquer les défenseurs du droit d’asile, d’abord dans son discours de Nouvel An (« Bart De Wever s’exprime sur Francken : “Continue comme ça Theo !” », sur Sudinfo, 13 janvier 2018, page consultée le 11 mai 2021 : « “Certains ne résistent pas à la tentation de laisser toutes les portes et fenêtres ouvertes. Ce sont les mêmes qui se clament d’une supériorité morale, qui n’est en fait rien d’autre qu’une absence de responsabilité pour l’intérêt général”, a estimé le président de la N-VA. »), puis dans une carte blanche parue dans De Morgen. Dans cette dernière, il s’attaquait à 3 000 militants de la Plateforme Citoyenne de soutien aux réfugiés (selon lui, « une industrie d’avocats de gauche, d’ONG et d’activistes qui ont trouvé leur fonds de commerce ») qui avaient formé une chaine humaine entre le parc Maximilien et la gare du Nord pour protester contre une opération de police visant des migrants (Salim Nesba, « “Il faut choisir : ouvrir les frontières ou préserver notre système social” », dans L’Écho, 24 janvier 2018, page consultée le 11 mai 2021 : « “Avec leur supériorité morale, ils font chanter le gouvernement […]”, écrit encore le Bourgmestre d’Anvers »).

3 Emmanuel Kant, Fondation de la métaphysique des mœurs, trad. A. Renaut, Paris, éd. Flammarion, coll. « GF », n° 715, 1994, p. 71. Des formulations similaires se trouvent aux pages 97 (« Agis seulement d’après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle ») et 98 (« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature »).

4 À cet égard, nous pouvons rappeler le discours que l’abbé Pierre a prononcé au Palais des Congrès de Paris en 1984, qui exprime avec une rare intensité l’idée que l’extrême richesse est immorale : « Ceux qui ont pris tout le plat dans leurs assiettes, laissant les assiettes des autres vides, et qui, ayant tout, disent avec une bonne figure, une bonne conscience : nous, nous qui avons tout, on est pour la paix — je sais que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c’est vous ! Et quand, le soir dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants avec votre bonne conscience. Au regard de Dieu, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients que n’en aura jamais le désespéré qui a pris des armes pour essayer de sortir de son désespoir. »

5 Sophie Devillers, « Nous consommons 6,3 fois ce que la Belgique fournit », dans La Libre Belgique, 7 aout 2016 (page consultée le 17 mai 2021) : « si tout le monde consommait comme les Belges, il faudrait 4,3 Terres. Seuls neuf pays font pire, dont les Etats-Unis, Singapour ou le Qatar. »

6 X.L., « Les six voitures du ministre de l’écologie Nicolas Hulot font débat en France », sur RTBF Info, 16 décembre 2017 (page consultée le 17 mai 2021).

7 Michel De Muelenaere, « Le déplacement très polluant de Marghem à la COP24 », dans Le Soir, 2 décembre 2018 (page consultée le 17 mai 2021).

8 Nathalie Pipart, chercheuse au département de géographie de l’UNamur, citée dans Anne-Sophie Tirmarche, La Cohérence chez les militants de la décroissance, analyse du Forum Universitaire pour la Coopération Internationale au Développement (FUCID), avril 2017, p. 4 : « On veut être cohérent face à un monde qu’on souhaite, une culture et une vision qui n’existent pas. C’est impossible d’être cohérent face à quelque chose qui n’existe pas. »

9 C’est l’interminable débat sur la nécessité ou non de « séparer l’homme de l’artiste ». À cet égard, nous nous demandons si certains éditorialistes conservateurs qui continuent à célébrer les œuvres de grands auteurs problématiques ne seraient pas parfois les mêmes qui exigent de jeunes militants une cohérence absolue.

10 Sophie Woeldgen, « En se mobilisant sur le climat, les jeunes Belges bousculent les politiciens », dans Le Temps, 7 février 2019 (page consultée le 17 mai 2021) : « Leader de la NVA, le parti nationaliste flamand et principal parti politique en Belgique, Bart De Wever s’en est pris aux manifestants. “Les jeunes s’insurgent contre leur propre style de vie”, a-t-il déclaré. Selon lui, le fait que les protestataires n’aient pas renoncé aux smartphones ou aux vols low cost montre leur incohérence. »

11 « Hugo Clément s’attire les critiques en commercialisant un agenda à son effigie », dans 7 sur 7, 14 aout 2020 (page consultée le 17 mai 2021). Une semaine auparavant, Hugo Clément était déjà vivement critiqué pour sa participation à l’émission Fort Boyard, compte tenu de son engagement en faveur de la cause animale (« “Tellement hypocrite” : Hugo Clément cible de critiques après son passage à Fort Boyard », dans 7 sur 7, 5 aout 2020, page consultée le 17 mai 2021).

12 Interrogé sur l’empreinte carbone de ces tournages, il se justifie en évoquant la petitesse de son équipe et la compensation carbone de leurs déplacements (Carine Didier, « Hugo Clément : “Je suis un journaliste engagé et j’assume” », dans Le Parisien, 26 novembre 2019, page consultée le 17 mai 2021).

13 Elle a précisément fait enregistrer son nom en tant que marque pour éviter que ne soient commercialisés de tels produits. « Greta Thunberg protège son nom et dépose la marque “Fridays for Future” », dans 20 Minutes, 30 janvier 2020 (page consultée le 17 mai 2021) : « Elle a notamment déploré la vente de produits et des collectes d’argent en son nom et en celui du mouvement. “J’ai demandé à déposer comme marque mon nom, […]”, a-t-elle précisé, affirmant le faire uniquement par nécessité, pour empêcher toute usurpation et non pas à des fins commerciales. »

14 À titre d’exemple, en francophonie, le plus ardent détracteur de Greta Thunberg est sans doute Laurent Alexandre, d’autre part connu comme personnalité médiatique de droite ultra-libérale et comme promoteur du transhumanisme (« Laurent Alexandre s’en prend à Greta Thunberg et à sa maladie », dans L’Obs, 22 juillet 2019, page consultée le 17 mai 2021 : « Son acharnement est tel que Laurent Alexandre a inscrit dans la biographie de son profil Twitter qu’il était “Anti Greta Thunberg” »).

15 Jean Le Goff, « La question de l’angoisse dans le mouvement climatique », conférence pour la causerie Avenir Climatique #14, 5 avril 2018, p. 7 : « La culpabilisation peut donc être une moyen [sic] de se protéger du sentiment de culpabilité chez les écologistes. En adoptant une posture de supériorité morale, les écologistes se protègent de leur sentiment de culpabilité en expulsant les désirs contraires à leur morale et en les localisant dans les non-écologistes. Une personne écologiste peut ainsi se représenter comme cohérente, animée de bonnes intentions et de sentiments moraux, tout en se construisant une image des personnes non-écologistes comme insouciantes, animées par leurs désirs et ne recherchant que leur intérêt personnel. »

16 Voir par exemple Violaine Wathelet, « Les travers de l’hyper-responsabilisation écologique individuelle », carte blanche dans La Libre Belgique, 9 janvier 2019 (page consultée le 18 mai 2021) : « je vois dans l’hyper-responsabilisation écologique trois véritables écueils : elle a tendance à mettre le curseur du changement uniquement sur l’individu, elle invisibilise les premiers responsables et ne questionne pas radicalement notre système de production. »

17 Adrian Horton, « John Oliver on plastics pollution: 'Our personal behavior is not the main culprit' », dans The Guardian, 22 mars 2021 (page consultée le 18 mai 2021).

18 « Nos principes », sur le site internet d’Extinction Rebellion France (page consultée le 18 mai 2021) : « Sur le long terme, tenir un discours moralisateur ou culpabilisant ne nous mènera nulle part. Ainsi, […] nous partons […] du principe que nous vivons dans un système toxique et que celui-ci n’épargne personne. »

19 Rémi Noyon, « “Français de souche” : généalogie d’un concept manipulé par l’extrême droite », dans L’Obs, 26 janvier 2017 (page consultée le 18 mai 2021).

20 Nicolas Truong, « Il s’érige contre la “dictature” de la “bien-pensance” : l’essor du national-populisme intellectuel et médiatique », dans Le Monde, 6 mars 2020 (page consultée le 18 mai 2021) : « Dans la presse comme dans les médias audiovisuels, les polémistes de la mouvance souverainiste et identitaire s’imposent, fustigeant le “droit-de-l’hommisme” des élites. »

21 Certains de ces termes connaissent leur succès à la faveur d’un phénomène appelé dog whistle (« sifflet à chien » ; il n’existe à ce stade pas d’équivalent du terme en français). Il consiste en des appels du pied à l’électorat extrémiste, via l’usage d’expressions susceptibles de passer inaperçues mais revêtant une connotation particulière dans ces milieux. Ce genre de messages voilés a été popularisé par la campagne présidentielle américaine. À ce sujet, écouter « Le Dog Whistle : Discussion avec Alec Castonguay et Francis Langlois », émission Médium large du 15 mars 2019, sur Radio-Canada.

22 Analyse rédigée par Julien Noël. 

 

 

 

 

 

 

Masquer le formulaire de commentaire

1000 caractères restants