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Analyse 2021-11

Sans être une tendance récente, la revendication par certaines personnes d’identités de genre et sexuelles peut causer un trouble auprès du grand public. D’aucuns critiquent cette façon de s’attribuer ce qu’ils considèrent comme des étiquettes, y voyant un caprice ou des limitations. Et la complexité croissante de ces catégories — mal connues en dehors des générations jeunes et des milieux engagés — n’aide pas à les populariser ou à faire reconnaitre leur utilité ; « le sigle désignant les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles n’en finit plus de s’étendre », note Libération1. Pourtant, il s’agit d’outils importants tant pour l’affirmation de soi que pour la reconnaissance de l’autre, et qui contribuent en outre à déconstruire les préjugés induits par des siècles de civilisation patriarcale.

Dans cette analyse, nous nous penchons sur le A de l’acronyme LGBTQIA+, qui représente les asexuels2, soit les personnes qui ne ressentent pas — ou ressentent peu — d’intérêt pour les activités sexuelles. Même comprise dans sa définition la plus étroite, une étude renseigne que cette orientation concerne environ un pourcent de la population3.

Être « Aro », « ace » ou au croisement des deux

Un concept essentiel pour comprendre l’asexualité est le Modèle d’Attirances Séparées (MAS). Ce concept d’origine anglo-saxonne (le terme original est Split Attraction Model ou SAM) postule une distinction fondamentale entre attirance romantique et attirance sexuelle. Si, de nos jours, il est couramment admis que l’on puisse éprouver une attirance sexuelle sans attirance romantique (c’est la vaste question du sexe récréatif), l’inverse est moins évident. En effet, la sexualité occupe une telle importance dans notre société que nombre d’asexuels ne sont pas crus lorsqu’ils affirment éprouver une attirance ou vivre une relation romantique sans pour autant développer d’intérêt pour la chose sexuelle.

On le devine, le Modèle d’Attirances Séparées implique l’existence parallèle de personnes n’éprouvant pas d’attirance sexuelle (les asexuels, également appelés aces) et de personnes n’éprouvant pas d’attirance romantique (les aromantiques, ou aros). Ces deux groupes peuvent se superposer à la manière d’un diagramme de Venn, créant ainsi une nouvelle catégorie à leur intersection : les asexuels aromantiques — ou aroaces —, qui composeraient 0,26 % de la population globale4. D’autre part, depuis une dizaine d’années, un mouvement s’est formé pour réclamer que les personnes n’étant pas asexuelles ou aromantiques ne soient pas appelées sexuelles ou romantiques, du fait que ces termes peuvent être perçus comme l’expression d’une normalité qui, par contraste, rejetterait les aros et les aces dans un espace marginal et dévalorisé. Les termes allosexuel et alloromantique ont dès lors été forgés5, de la même manière qu’on recommande l’emploi du mot cisgenre pour désigner une personne dont le genre ressenti correspond au genre assigné à sa naissance.

Enfin, si attirances sexuelle et romantique peuvent être juxtaposées de cette manière, il peut également arriver qu’elles soient articulées. C’est ce qui se passe pour la demisexualité, une autre identité qui désigne des personnes ne ressentant de l’attirance sexuelle qu’après avoir formé un lien émotionnel fort avec leur partenaire.

Des regards sur la sexualité qui ne sont pas uniformes

On pourrait supposer à bon droit, en lisant ce qui précède, que les asexuels adoptent unanimement une posture de rejet vis-à-vis des pratiques sexuelles. La situation est en réalité plus nuancée et mobilise à nouveau une terminologie compliquée, essentiellement anglophone. Ces termes — dont certains sont en concurrence, cette entreprise d’affirmation de soi étant si récente qu’il est trop tôt pour savoir lesquels seront privilégiés par l’usage — dessinent un spectre d’attitudes qui se distinguent les unes des autres.

La forme de rejet la plus forte est celle assumée par les asexuels dits sex-repulsed. Ce terme implique un sentiment de peur ou de dégout vis-à-vis des activités sexuelles, et ce, dans leur perspective générale. C’est-à-dire que la personne asexuelle éprouve ces sentiments y compris vis-à-vis de situations dans lesquelles elle ne serait pas impliquée. Les termes anticarnal ou apothisexual peuvent également être employés pour désigner cette posture. Un cran plus bas, on trouve une posture qualifiée de sex-averse (ou discarnal), parfois traduite en français par le terme « sex-négative ». Les personnes qui s’identifient de cette manière rejettent la perspective d’elles-mêmes s’engager dans des pratiques sexuelles, mais n’éprouvent pas de gêne particulière à l’idée que d’autres le fassent. Viennent ensuite deux postures intermédiaires, assumées par les asexuels sex-indifferent et sex-ambivalent. Les premiers n’éprouvent pas d’inclinaison particulière — ni positive, ni négative — vis-à-vis des activités sexuelles (acarnal est aussi employé, ainsi que le terme français « sex-neutre ») ; les seconds éprouvent à cet égard des sentiments qui peuvent varier en fonction du temps, du contexte ou des actes spécifiques (les termes sex-conflicted, eriscarnal et ARCflux sont aussi employés pour désigner cette posture). Enfin, le spectre est complété par une posture plus favorable vis-à-vis des actes sexuels. Qualifiée de sex-favorable, de sex-interested ou de procarnal (en français, le terme d’asexualité « sex-positive » peut se rencontrer), elle implique que la personne, sans ressentir une grande attraction vis-à-vis des activités sexuelles, puisse néanmoins s’y livrer pour des raisons diverses : dans le cadre d’une relation romantique, dans l’intérêt d’un partenaire, par curiosité6

On le voit, le sujet est complexe, et il arrive également que les définitions de ces différents termes varient légèrement en fonction de la personne qui les énonce. Tous ces concepts sont en effet forgés au jour le jour, au long des discussions (notamment sur des forums internet7) par lesquelles les personnes asexuelles partagent leurs ressentis et cherchent à mettre des mots sur leurs expériences communes, dans une optique d’émancipation des diktats qu’assène souvent notre société très (trop ?) sexualisée. Citons encore le mot-valise ARCsexual (l’acronyme réunit les termes Averse, Repulsed et Conflicted) qui se rencontre parfois et englobe plusieurs des postures évoquées plus haut — à nouveau, il est trop tôt pour savoir s’il passera à la postérité. Enfin, notons que les militants asexuels insistent sur le fait que ces termes ne leur appartiennent pas et peuvent également être mobilisés par des personnes qui s’identifieraient comme allosexuelles mais qui ne considéreraient pas l’attrait pour les actes charnels comme une chose allant de soi. En cela, nous pouvons les considérer comme des outils didactiques, qui nous amènent à déconstruire les présupposés de notre éducation affective et à nous interroger sur la nature exacte de notre rapport à la sexualité.

L’asexualité est un spectre

Un reproche couramment adressé aux personnes engagées dans un travail d’identification vis-à-vis de leur propre sexualité est que, par ce fait, elles s’enfermeraient dans des conceptions étroites. « Définir est limiter8 », entend-on parfois, y compris dans les milieux progressistes… Comme on le devine à la lecture des paragraphes précédents, il ne faudrait cependant pas en déduire que ces conceptions excluraient la nuance ou priveraient qui s’en saisit de toute marge de manœuvre. En réalité, l’asexualité est précisément définie comme un spectre (on parle alors du « spectre asexuel », parfois abrégé a-spec en anglais) et peut être revendiquée par des personnes étant ou ayant été sexuellement actives mais ressentant une forme de déconnexion — que ce soit de la peur, de l’incertitude, du désintérêt — vis-à-vis de leur sexualité.

Un terme a spécifiquement été conçu pour désigner les personnes qui se situent dans cette zone intermédiaire — et celui-ci est d’usage courant, y compris en français : on les appelle les asexuels gris (« a-gris » en abrégé ; on parle aussi parfois d’hyposexuels). Cette manière de concevoir les choses rejette toute frontière étanche entre allosexualité et asexualité ; elle ouvre également la porte à une évolution. Bien employés, ces concepts ne définissent donc pas une identité figée, mais offrent des clés de lecture pour envisager notre vie affective sous un regard nouveau. En cela, ils enferment moins la personne qu’ils ne la libèrent de préjugés et de pressions héritées de notre société. Cependant, l’asexualité peut aussi être revendiquée dans une optique militante de visibilisation, et c’est cette démarche qui, mal comprise, aboutit parfois aux crispations évoquées en introduction, une partie du grand public ne comprenant pas l’intérêt de ces classifications et les jugeant infantiles.

En plus du spectre allant de l’asexualité grise à une posture sex-repulsed plus catégorique, d’autres identités plus ou moins rares orbitent autour de l’asexualité. Il en va ainsi de l’akoisexualité9 (qui désigne des personnes ressentant des attractions sexuelles mais ne souhaitant pas qu’elles deviennent réciproques) et de l’aegosexualité10 (qui désigne des personnes ressentant une attraction sexuelle pour des situations dont elles seraient exclues). De même, la démarche ayant mené à leur définition procède d’un besoin de normaliser et de déculpabiliser des postures autrement marginalisées.

Un manque criant de modèles

Si de tels processus d’identification sont communs à l’ensemble des milieux LGBTQIA+, ils trouvent une nécessité particulière dans le cadre de l’asexualité. Les asexuels manquent en effet cruellement de modèles, tant réels (des personnalités comme le rockeur Bradford Cox11 ont fait leur coming out asexuel, mais il n’existe guère de véritables stars s’identifiant de cette manière) que fictionnels. Ce dernier manque serait dû en partie au fait que les producteurs jugeraient de tels personnages dotés d’un moindre potentiel dramatique et dès lors moins intéressants dans le cadre, par exemple, de feuilletons.

Pire que cela, le traitement de certains personnages de séries télévisées présentés comme asexuels ou identifiés comme tels par le public s’est fréquemment révélé problématique. Pour parler des plus connus, des critiques ont été adressées quant à la manière dont sont représentés les personnages de Sheldon Cooper — joué par Jim Parsons dans The Big Bang Theory (2007-2019) — et de Sherlock Holmes — interprété par Benedict Cumberbatch dans Sherlock (2010-)12. En effet, combiner des traits asexuels à la nature étrange ou asociale de ces personnages constitue un raccourci qui peut se révéler discriminant, en ce qu’il propage des stéréotypes erronés. L’industrie du divertissement télévisé semble cependant avoir pris la mesure du problème, comme en témoigne le personnage de Florence, récemment apparu dans la série britannique Sex Education et dont la caractérisation a été saluée13.

Gageons que l’importance accordée aux définitions et à la nomenclature au sein de la communauté asexuelle provient en partie de ce manque de modèles : faute d’avoir suffisamment d’exemples qui donnent à percevoir cette identité de manière organique, il est tentant de se rabattre sur un formalisme théorique. Cela constitue un véritable argument en faveur de la représentation d’identités variées — et non-caricaturales — au cinéma et à la télévision. Pour les jeunes générations, notamment, c’est en effet médiatisées au travers de fictions que ces identités sont les plus à même d’être appréhendées de manière complexe. En témoigne l’existence de nombreuses  romances asexuelles produites par des écrivains amateurs14.

Parents, gare à ne pas blesser les jeunes qui se questionnent

De par le fait que cette identité est moins connue, le coming out asexuel n’est pas toujours accueilli avec sérieux par l’entourage. Il se dessine ici une véritable différence avec, par exemple, le coming out homosexuel : tandis que, un grand travail de sensibilisation ayant été effectué, il ne viendrait plus à l’esprit de beaucoup de parents de suggérer que l’orientation sexuelle de leur enfant puisse être sujette à caution — qu’en somme « cela pourrait lui passer » —, le jeune asexuel sera régulièrement confronté à des appels à la patience. « Attends d’avoir rencontré la bonne personne », se verra-t-il parfois répondre15. Même exprimées avec bienveillance, de telles remarques peuvent s’avérer blessantes, en ce qu’elles dénient au jeune sa capacité de se connaitre et sa légitimité à affirmer sa différence. Elles comportent de plus une charge culpabilisante.

Ce risque est d’autant plus grand qu’à l’égard des identités de genre, sexuelles et amoureuses — et ainsi que nous l’évoquions dans l’introduction —, une fracture s’est quelquefois ouverte entre les jeunes et leurs parents, qui accusent un retard dans l’appréhension de ces identités16. De là peuvent découler des préjugés. Or, loin d’être une coquetterie, l’affirmation de soi comme personne asexuelle trouve son origine dans l’expérience spécifique d’une frange de la population et répond à des besoins de légitimité, de visibilité, de rassemblement… Qu’on dise le contraire, et cela sera perçu comme une injustice !

Dans de pareilles situations, il arrive donc que couve le conflit intrafamilial. Ajoutons à cela que, si longtemps les asexuels se sont plutôt découverts sur le tard, à force d’expérimentations ratées, la popularisation du terme les fait s’interroger aujourd’hui plus tôt… et même à l’âge adolescent où l’on peut être si susceptible, ce qui rend le terrain d’autant plus miné. (On le sait bien, orgueil et préjugés ne font pas bon ménage…) C’est finalement la connaissance qui pourra désamorcer la situation. Nous pensons en effet qu’il est essentiel que l’adulte s’informe pour combler la distance le séparant de son enfant. En les apprivoisant, il ne verra plus dans tous ces concepts des motifs d’agacement ou de griefs, mais précisément les bases d’un meilleur dialogue qui pourra enfin se nouer à la faveur d’un vocabulaire commun.

Rappelons-le, une condition essentielle de la communication non violente est l’expression sincère des besoins ; créons dès lors les conditions pour savoir accueillir ceux de nos enfants, l’esprit ouvert. Et ce, même si, dans le cas précis de l’asexualité, ce premier pas implique peut-être de surpasser ses propres peurs, par exemple celle d’être contrarié dans son aspiration à la grand-parentalité.

Quels enjeux pour l’EVRAS ?

Face à un jeune ayant amorcé un tel questionnement, les professionnels de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) sont moins susceptibles de commettre des maladresses. Habitués à rencontrer des jeunes faisant l’expérience d’identités de genre et sexuelles minoritaires, ils savent traiter ces sujets avec tact. Certains mettent même un point d’honneur à maitriser le vocabulaire et les concepts que les jeunes peuvent rencontrer en ligne et choisir d’adopter. Néanmoins, l’asexualité demeure un sujet relativement récent, et ils ne sont pas unanimement prêts à le traiter, en particulier lors d’activités collectives ou vis-à-vis d’élèves qui taisent leur malaise. Observons donc quelle difficulté l’identité asexuelle peut générer en milieu scolaire, puis quelle opportunité elle ouvre en parallèle…

Il convient de rappeler que, depuis 2013, un protocole vise « à garantir l’équité dans le domaine de l’EVRAS pour tous les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles, quel que soit leur milieu social ou culturel, leurs traditions ou leurs croyances17 ». Si cette généralisation a constitué un important progrès, on imagine aisément les difficultés qu’elle peut causer pour une minorité d’élèves entretenant un rapport ambivalent ou négatif à la sexualité. Or, on ne pourrait prôner à leur endroit une dispense de l’EVRAS : ces activités — qui dépassent le cadre de la seule éducation sexuelle — sont indispensables, y compris pour les jeunes aces, car l’asexualité n’exclut pas forcément la pratique occasionnelle d’actes sexuels, en vue desquels une approche de réduction des risques demeure essentielle. Reste que des précautions sont à prendre pour ne pas heurter les jeunes adoptant une posture sex-repulsed, et ce, d’autant plus qu’ils n’en ont pas toujours une conscience explicite ou qu’ils peuvent ne pas oser l’exprimer.

Pour l’éducateur, il s’agit alors de bannir certains réflexes de pensée : croire que l’adolescence est un âge où l’on développe systématiquement de l’intérêt ou de la curiosité pour la chose sexuelle, que l’adolescent silencieux est nécessairement timide et pourra « être mis à l’aise » une fois l’ambiance propice créée dans le groupe-classe, que la pudeur est forcément un produit culturel dont l’universalisme laïc saurait triompher… Ces lieux communs sont autant de biais cognitifs qui peuvent induire l’adulte à méconnaitre l’expérience du jeune asexuel et dès lors à invisibiliser plus encore une réalité que celui-ci tient silencieuse. Le risque est que, face à la gêne d’un élève, ces biais mènent à un mauvais diagnostic et donc à une réaction inadaptée (émettre des réflexions de l’ordre d’« allons, on est entre grands ici » ou de « le sexe, c’est une chose normale, il faut en parler » serait par exemple préjudiciable, car elles renvoient l’asexualité à une posture immature ou anormale, ce qu’elle n’est pas). Pour cette raison, nous pensons que des formations spécifiques devraient être proposées au personnel des services de promotion de la santé à l’école (PSE) et des centres psycho-médico-sociaux (PMS), de manière à ce que tous disposent des informations les plus récentes sur l’asexualité, y compris ceux ayant débuté leur carrière à une époque où cette identité était peu discutée. Ce personnel sera dès lors plus apte à rencontrer son public sans commettre d’impair.

Parlons maintenant de l’opportunité que constitue l’asexualité pour les activités d’EVRAS. Il va de soi que traiter de cette identité au sein de la classe est bénéfique au pourcent d’élèves qui se sont découverts ou peuvent se découvrir asexuels. La reconnaissance de ce terme et de tout ce qu’il implique leur offre en effet une issue vis-à-vis des pressions et de la culpabilisation que peuvent engendrer les normes sexuées de notre société ; elle est donc souvent vécue comme un soulagement18. Toutefois, cette conversation serait également bénéfique aux nonante-neuf autres pourcents des jeunes. En particulier, une discussion sur les postures sex-averse et sex-repulsed pourrait constituer une étape de l’éducation au consentement, car elle amènerait les jeunes à adopter un regard sur la sexualité qui serait décentré de leurs propres besoins et intérêts. En prenant conscience que chacun peut appréhender l’acte sexuel de manière différente, on comprend que ce qui est pour nous objet de passion ou d’excitation peut au contraire susciter de la gêne ou du dégout chez autrui. Sur base de cette prise de conscience fondamentale, l’on peut pivoter sur la convenance d’envoyer des photos ou des messages explicites à quelqu’un dont on ne peut désormais plus postuler automatiquement l’égal intérêt pour ces matières, ou sur celle d’insister face à un refus, partant de la fausse croyance que la personne doit seulement être encouragée ou rassurée. Ainsi, déconstruire le principe selon lequel chacun veut/a/aura d’office une vie sexuelle est bénéfique à tout niveau19.

 

 

  

 

 

 


1 Guillaume Lecaplain, « Mais ça veut dire quoi, LGBTQIA+ ? », dans Libération, 25 janvier 2018 (page consultée le 16 juin 2021).

2 Si cette interprétation fait globalement un consensus, certaines sources soutiennent que la lettre A représente à la fois les asexuels et les alliés de la cause LGBTQ+ (Voir par exemple Bex Montz, « Acronyms Explained », sur le site de l’organisation non gouvernementale OutRight, 12 aout 2019, page consultée le 16 juin 2021). Cette dernière position est fermement rejetée par des militants asexuels, qui souhaitent inclure les autres identités en -a (agenre, aromantique) mais soutiennent que les alliés ne devraient pas être représentés au sein de l’acronyme (voir par exemple Emil Tinkler, « Why the A doesn’t stand for Ally », publié dans le cadre de MatthewsPlace.com, un programme de la fondation Matthew Shepard, 19 mai 2020, page consultée le 16 juin 2021).

3 « Study: One in 100 adults asexual », sur le site internet de la chaine CNN, 15 octobre 2004 (page consultée le 16 juin 2021). Cette statistique est basée sur le nombre de sondés ayant répondu positivement à la proposition « je ne me suis jamais senti sexuellement attiré par quiconque » (I have never felt sexually attracted to anyone at all).

4 Pauline Machado, « L'aromantisme, une orientation sexuelle méconnue », dans Terrafemina, 7 février 2019 (page consultée le 16 juin 2021).

5 Certains parlent aussi de zedsexualité et de zedromantisme.

6 Pour des témoignages de personnes adoptant ces regards divers sur les activités sexuelles, consulter ce reportage qui donne la parole à une asexuelle sex-positive (Sophie) et à un asexuel sex-repulsed (Zachary) : Sophie Mergen, « Vivre sans désirer le corps de l’autre ? C’est le cas des asexuels… et “c’est chaque jour une bataille” », sur RTBF Info, 1er juin 2018 (page consultée le 17 juin 2021).

7 La plus ancienne et la plus grande association de personnes asexuelles est anglophone et s’appelle l’Asexual Visibility and Education Network (AVEN). Il en existe un équivalent francophone, appelé l’Association pour la Visibilité Asexuelle (AVA).

8 Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray, Paris, éd. Albert Savine, 1895, p. 274.

9 Le premier terme utilisé pour désigner cette identité était lithosexualité, mais une partie de la communauté LGBTQIA+ ne souhaite aujourd’hui plus l’employer dans ce sens, de peur qu’il ne crée un amalgame avec le concept de stone lesbian (stone signifie littéralement « pierre », de même que litho) et pour ainsi éviter une appropriation de la culture lesbienne. C’est à cet effet que le terme d’akoisexualité a été forgé.

10 Un premier terme employé pour désigner cette identité était autochorissexualité, mais celui-ci est aujourd’hui rejeté par la communauté LGBTQIA+, car il est issu du champ psychiatrique et désigne donc une paraphilie, c’est-à-dire un comportement sexuel présenté comme anormal. Or, ce principe même est contesté par les militants, qui réfutent toute anormalité.

11 Ben Beaumont-Thomas, « ‘I'm an apocalypse writer’: Bradford Cox of Deerhunter, the asexual rock star for end times », dans The Guardian, 24 janvier 2019 (page consultée le 18 juin 2021).

12 Voir par exemple Mudita Sonawane, « ‘Intelligent’ TV Shows Disappoint Asexual, Aromantic And LGBTQ Spectrum », dans Feminism In India, 20 février 2020 (page consultée le 18 juin 2021, extrait traduit par nos soins) : « Il est injuste pour un personnage comme Sheldon d’avoir des amis qui se moquent continuellement de sa nature apparemment asexuelle et qui l’incitent à sortir avec quelqu’un. De plus, lier les traits de caractère “bizarre”/“nerd”/“tout ce que la société considère comme anormal” à l’asexualité et essayer ensuite de l’intégrer dans la construction sociale “normale” en lui donnant une vie romantique, etc. est un autre niveau de discrimination. […] Si Sherlock se trouve dans la zone grise du spectre aromatique et asexuel, son frère Mycroft semble être complètement asexuel et aromatique. En liant la nature asexuelle et aromatique de ces deux personnages à un comportement asocial et arrogant, on fait passer les aromantiques et les asexuels pour des machines sans cœur. »

13 Michele Kirichanskaya, « ‘Sex Education’ Season 2 and the Inclusion of Asexuality in Conversations About Sex », dans Femestella, 23 janvier 2020 (page consultée le 18 juin 2021, extrait traduit par nos soins) : « Ce qui est vraiment formidable dans cet épisode, c’est la façon dont il aborde l’asexualité. […] Pour des émissions comme Sex Education, parler de l’asexualité de cette manière, surtout dans le contexte de l’éducation sexuelle, est quelque chose de révolutionnaire. »

14 À l’heure d’écrire ces lignes, 1 200 fictions sont reliées au mot-clé « ace » sur le réseau social spécialisé Wattpad.

15 Bradford Cox, cité dans Ben Beaumont-Thomas, op. cit. (extrait traduit par nos soins) : « Mais personne ne reconnait l’asexualité comme une chose réelle. Les gens me disent souvent : “Tu n’as pas rencontré la bonne personne”. Comme si l’asexualité était comme avoir un appareil dentaire ; il finira bien par s’enlever. »

16 Témoigne de cette disparité le fait que 90 % des personnes s’identifiant comme asexuelles sont des jeunes de moins de 30 ans (Sophie Mergen, op. cit.).

17 Plateforme liégeoise de Promotion de la santé affective, relationnelle & sexuelle, L’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’école, Bruxelles, éd. responsable Docteur Serge Carabin, 2013, p. 3 (brochure consultée dans sa version numérique sur le Portail de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles).

18 L’expression de ce soulagement est un grand point commun des témoignages de personnes asexuelles. Voir par exemple Miss Lu, « Comprendre l’asexualité en 24 questions », dans MadmoiZelle, 24 octobre 2015 (page consultée le 23 juin 2021) : « Ça peut paraître stupide de chercher à mettre un mot sur tout, mais quand vous avez l’impression d’être un·e extraterrestre et que vous vous rendez compte qu’il y a un mot pour ça, et des gens comme vous, c’est un réel soulagement. »

19 Analyse rédigée par Julien Noël.

 

 

 

 

 

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