Analyse 2012-17

Une lecture de « Syngué Sabour. Pierre de patience »

Selon André Breton, les fictions les plus riches sont celles qui permettent à « l’être humain d’aborder le monde des mythes éternels et de s’y frayer son propre chemin ». « Syngué Sabour  » est sans doute un de ces livres qui permet, seul ou, mieux, dans une démarche collective, d’interroger la place de la femme dans le couple et dans la société.


L’auteur et son contexte


Atiq Rahimi est Afghan. En 1984, il a vingt-deux ans, il fuit son pays et s’exile à Paris. Cinéaste  et écrivain, il a publié « Syngué Sabour » (Pierre de Patience en français), et son ouvrage a été magnifié par l’octroi du prix Goncourt, qui lui a été décerné en 2008.


Ce long monologue se lit et se suit, haletant même, au premier degré : la guerre dans le contexte de ce pays en proie aux haines religieuses et à la soumission totale de la femme à l’homme, un blessé gravement et muré dans le coma, sa femme, avec qui il n’a jamais eu de partage réel, qui parle ses frustrations et ses rêves à ses côtés, la fin dramatique et sans issue autre que la mort violente de ce dialogue de sourds, à moins que …


Une tout autre lecture est toutefois possible, de portée beaucoup plus universelle. C’est André Breton qui écrit : « La haute fiction, et sans doute la seule légitime, n’est-elle pas celle qui, délestant l’être humain de son poids terrestre, le met à même d’aborder le monde des mythes éternels et de s’y frayer son propre chemin ? »


« Syngué Sabour » illustre on ne peut mieux cette capacité du roman d’ouvrir au-delà de lui-même, sur nos propres réalités. L’Afghanistan et ses terreurs passées et actuelles, ses Talibans inflexibles et cruels, ses attentats suicides et ses tueries incessantes, en quoi cela peut-il nous concerner ? L’auteur nous mène par la main vers une réflexion plus profonde et plus universelle. Ainsi la femme pas plus que l’homme n’a de nom. C’est « la femme », c’est « l’homme ». Même Ève est donnée en référence quand, dans le récit, explication est donnée en rêve à la femme de la raison de l’importance de la plume de paon disparue et qui servait de garde page au Coran de son père. Elle affirme en effet : « Il m’a révélé que c’était la plume de ce paon … Qui avait été chassé avec Ève du paradis » (128) . C’est bien le mythe de la relation perdue entre la première femme et le premier homme qui est en jeu, « mythe éternel » dans lequel nous avons chacune et chacun à nous frayer notre propre chemin.


Le récit


Premières pages, premières lignes. Effet glacial: ce presque cadavre, l’homme, qui  respire régulièrement. À ses côtés, elle, la femme, qui vit collée au rythme de cette respiration et au rythme identique du chapelet qu’elle égrène. À ses côtés où en tout autre lieu, ces deux rythmes règlent sa vie et son être, même lorsqu’elle vaque à l’essentiel pour ses deux gamines.


Seule. Elle est seule. Sa tante, dernier membre de sa famille qu’elle croyait aller retrouver, a quitté sa maison. Qui sait où elle s’en est allée ? La famille de son homme s’est enfuie aussi, la laissant avec ce corps en survie.


Elle entre et sort de ce décor unique où tout se passe ou presque, elle qui vit ne vit qu’au rythme respiratoire de l’autre et qui n’existe que par lui. C’est pesant, écrasant et elle finit par s’écrier (27) : « Et toi, tu savais que tu avais une femme et deux filles ? ». Qu’allait-il donc faire dans cette guerre ?


Toutefois, elle ne cesse de revenir, d’effectuer les gestes de « survie » et de tendresse : surveillance de la respiration, humectation des yeux, remplissage de la poche d’eau sucrée et salée qui alimente artificiellement l’homme …


Elle retrouve sa tante de l’autre côté de la ville et s’y réfugie avec ses filles, hantée par sa culpabilité, « démone » dit-elle, bien qu’elle revienne régulièrement à ce corps inerte.
Un rêve que lui partage son beau-père lui donne une lecture de ce qui se passe en elle. Il lui parle d’une pierre qui écoute et finit par éclater en miettes sous les chocs répétés des secrets qui lui sont avoués. Pierre de patience, comme la  pierre noire dans la Ka’aba, à La Mecque (78-79).


Elle n’est pas démone et ce corps d’homme, aussi minéral que la pierre, devient cet objet près duquel elle peut déverser ce qu’elle n’a jamais dit à personne.


Son secret, ses secrets, elle les exprime au fil de ses retours dans cette chambre. Elle les vivra même, dégagée de sa propre gangue de pierre par ce qu’elle sait de la vie de prostituée de sa tante, par ce qu’elle apprend de son beau-père. Peu à peu libérée intérieurement, elle apprend à l’homme - pas le sien, mais à ce jeune qui vient la trouver comme la pute qu’il croit qu’elle est - une relation nouvelle.


Vient le drame : l’homme sort de son coma, il doit avoir tout entendu. Il frappe la femme avec une violence extrême : la pierre de patience de son homme-dieu El Sabour,   dont elle est la prophétesse, éclate et la détruit. Elle en est écarlate de son propre sang, mais elle le frappe au cœur avec le kandjar, ce poignard courbe pendu au mur, sous le portrait énigmatique de l’homme. Sur cette photo, « l’homme ne rit pas, cependant il a l’air de quelqu’un qui réfrène son rire » et qui « … de l’intérieur, se moque de celui qui le regarde » (15-16). Lui, ainsi frappé, retourne s’allonger sur son matelas, les yeux fixes et hagards à nouveau, face à sa photo. Elle ouvre doucement les yeux, alors que quelqu’un entre dans la maison. L’homme nouveau ?


Le style


Le style de ce bref roman est dépouillé, minimaliste. Phrases courtes. Inexistantes même. Un seul mot parfois. Le pire, par exemple, à peine suggéré en quelques mots : «  Au-dehors, quelque part, pas très loin, quelqu’un tire une balle. Un autre, plus proche, riposte. Le premier tire une deuxième balle. L’autre ne répond plus. » (27-28)
Autre caractéristique du style, des éléments qui reviennent, obsédants une fois qu’ils se sont installés :

  • la respiration du corps de l’homme tout au long des pages, cette respiration qui rythme sa respiration à elle, qui rythme le temps aussi, avec la récitation du chapelet des noms d’Allah, aussi précise qu’une pendule qui égrène les secondes ;
  • l’immobilité absolue du corps de l’homme ;
  • la poche d’eau sucrée et salée qui le nourrissent et les gouttes déversées régulièrement dans ces yeux grand ouverts et hagards : un, deux, un, deux ;
  • le bruit que fait le porteur d’eau, la voix rauque de la voisine, l’air sifflé par le garçon à vélo … jusqu’à ce que la mort les éteigne ;
  • Le ciel jaune et bleu et les oiseaux migrateurs prisonniers du rideau, et qui s’envoleront aux derniers mots de la dernière page ;
  • Le coran ouvert sur la première page et la plume de paon qui sert de garde page. Tous deux disparaîtront, mais prendront une place plus grande encore en obsession intérieure.

D’autres, apparemment anodins, qui adviennent au cours du récit et qui s’installent un temps, puis disparaissent, avalés par ceux qui suivent, et renforçant le glauque des situations :

  • l’itinéraire de la mouche, qui finit cadavre emporté puis abandonné par des fourmis, … remplacé par celui de l’araignée qui s’installe ;
  • les mots qui ne savent pas sortir, qui se cherchent, qui hésitent puis éclatent ;
  • le bégayement du jeune, … qui ne bégaye plus dans un rêve de la femme (128).

À ces évocations, qui n’a pas lu le livre sera peut-être tenté de courir en bibliothèque ou en librairie pour en disposer : il ne le regrettera pas. Ceux qui l’ont lu le seront peut-être de le reprendre.


Les métaphores : la femme dans la guerre


Ce fut probablement un premier constat de l’auteur : la femme et l’homme étaient complètement déphasés dans les multiples conflits qui détruisaient son pays.


C’est ainsi qu’elle lui dit : « Tu ne souffre même pas. … Même blessé, tu es épargné par la souffrance. … Et c’est à moi d’en pâtir ! c’est à moi d’en pleurer ! »  (33)
Ainsi aussi lorsque, du haut de son minaret, le Mollah lance un appel aux armes et qu’en écho « Dans la rue, les hommes s’époumonent : « Allah-o-Akbar ! », Dieu est le plus grand, tandis qu’elle « vient jeter un regard inquiet vers l’homme. Elle craint, peut-être, que l’appel aux armes l’ait remis sur pied ! » (38)


Des dizaines de citations illustreraient cette perception différente qu’ont les femmes et les hommes de la guerre. Pas toutes les femmes certes, pas certaines mères de « héros » comme celle de l’homme, qui pensait, comme beaucoup d’autres sans doute, que « c’était beau pour une fille de 17 ans de se fiancer avec un héros » et qui disait : « C’est bon, la victoire est proche ! Bientôt, ce sera … le retour de mon fils. »


La femme du roman vit cela bien autrement, elle qui affirme à son « héros » : « Vous les hommes ! quand vous avez des armes, vous oubliez vos femmes » (66), ou encore, lorsqu’elle reprend à son compte une affirmation de sa tante : « … ceux qui ne savent pas faire l’amour font la guerre. »


Les métaphores : la femme, l’homme et la religion


Là encore, bien que nécessairement ancrée dans la situation afghane et donc musulmane, l’approche d’Atiq Rahimi tend à l’universel : ce n’est pas le Coran en lui-même qu’il met implicitement en cause, mais toute interprétation machiste et intégriste, voire fondamentale, des religions monothéistes.


Dès les premières pages du roman, l’image du double arrimage de la respiration de la femme au rythme conjoint de la respiration de l’homme et au perpétuel énoncé d’un des noms d’Allah, à chaque grain de chapelet, énonce sa double aliénation : « De l’autre main, celle de gauche, elle tient un long chapelet noir. Elle l’égrène. Silencieusement. À la même cadence de ses épaules. Ou à la même cadence de la respiration de l’homme. » (17)


Tout au long du récit, un cheminement intérieur se fera de deux manières chez la femme. Ce sera d’une part l’évolution des recours aux différents noms d’Allah .


Cela ira, dans le chef de la femme-, d’Al-Qhahhâr, le dominateur, le conquérant (21-22), à Al- Savour, le patient, qui le délivre enfin de ses souffrances, mais dont elle qualifie son homme lorsqu’il éclate enfin  (136-137). Entre ces deux extrêmes, le lecteur passera par Al-Wakhab, le donateur, Al-Rahman, le miséricordieux, Al-Mouakhir, celui qui rejette, et enfin, mais se les attribuant à elle-même, non plus un Dieu extérieur qui impose, mais prise de conscience - dans le plein sens de ce terme – d’un Dieu qui agit à l’intérieur d’elle-même : Al-jabbar – celui qui domine : « Soudain elle hurle : Al-jabbar, c’est moi ! » (131) Après quoi « Elle murmure : Al-Rahim, c’est moi … ». Et Al-Rahim signifie, le miséricordieux. La femme, dont se sont essaimés tous les secrets qui la muraient et l’amenaient à se croire une démone, se libère enfin d’une relation à un Dieu pervers comme le stigmatise Maurice Bellet pour le Dieu des Chrétiens .


Cette prise de distance de ce Dieu-là s’effectuera aussi au fil du récit lui-même.


Dès sa première évocation d’ailleurs, elle se montre très critique à l’égard du Mollah : « Il ne viendra pas aujourd’hui », dit-elle avec un certain soulagement. » Il a peur des balles. Il est aussi lâche que tes frères. » (28)


C’est ensuite le chapelet qui quitte ses mains mais, une fois encore, en parallèle avec la distanciation qu’elle prend de son asservissement à l’homme : « Elle ne met plus sa main droite sur la poitrine de son homme. Elle n’égrène plus le chapelet noir au rythme de la respiration de son homme. » (37)


La conviction qui était sienne de faire ce qu’il fallait en acceptant d’épouser à 17 ans un homme dont elle ignorait tout, qui était absent et qui était symbolisé à ses côtés par sa photo et son kandjar, était en parallèle avec ce qu’elle pensait de Dieu : « Je me disais : Dieu aussi est absent, pourtant je l’aime, je crois en lui … » (63). Elle se transforme peu à peu en interrogation : « Qu’est-ce qu’il veut de toi ? … Qu’est-ce qu’il veut de moi ? », pour en arriver au doute, seuil de mise en chemin vers Dieu : « En récitant un verset du Coran, elle tente de se convaincre du pouvoir de Dieu… ».


L’homme n’est pas moins prisonnier de ce Dieu-là. Ce sont les convictions étroites des hommes qui les enferment en eux comme le symbolise l’homme dans le coma du récit, enfermé dans leur âme. «  Vous n’écoutez que votre âme. … Voilà où t’a amené ton âme ! Un cadavre vivant » (115). Et c’est le vers de Louis Aragon « La femme est l’avenir de l’homme » qui monte aux lèvres quand après avoir affirmé : « … quand c’est dur d’être femme, ça devient dur aussi d’être homme ! », elle exulte enfin : « Si toute religion est une histoire de révélation, la révélation d’une vérité, … notre histoire à nous, elle est aussi une religion. Notre religion à nous !  Oui, le corps est notre révélation ! … nos corps à nous, leurs secrets, leurs blessures, leurs souffrances, leurs plaisirs … » (135).


Les métaphores : la femme, l’homme et le couple


Mais outre ces lectures thématiques qui tissent le roman, se dénouent peu à peu les entraves obsédantes et torturantes des secrets qui enferment cette femme, dans son vécu avec cet homme qu’elle a tenté et qu’elle tente d’aimer, comme dans ses frustrations et dans ses attentes interminablement déçues.


S'installe pas à pas, tout au long du récit, une approche des relations entre les hommes et les femmes qui, s’appuyant de manière erronée sur la religion, enferme l’homme dans une âme tordue d’avoir tué sa relation au corps, d’un homme qui se croit prophète et qui se prend pour Dieu.


Car n’est-ce pas cela d’abord qu’Atiq Rahimi a voulu mettre en espérance, même si c’est de manière dramatiquement atroce : la lente et patiente émergence d’un homme nouveau enfin réconcilié avec la tendresse de la femme, et avec sa propre sagesse oubliée, celle qui, dans trop de cultures patriarcales religieuses, la fait passer pour folie ?
Au fil du récit se suivent des situations de mépris de la femme.


C’est le comportement ignoble de son père à elle, avec le chemin difficile et secret de la destruction de sa caille de combat livrée au chat par la gamine qu’était encore la femme (66-69).


Le cheminement de cette tante qui lui avait appris à lire et à écrire. Mariée à un riche minable, elle s’était révélée stérile et avait été envoyée par son mari en service chez ses beaux-parents. Elle s’y était fait violer tant et plus par son beau-père jusqu’à ce qu’elle lui fende le crâne. Rejetée de tous, elle était disparue pendant sept ans. La femme l’avait un jour retrouvée : cette tante s’était réfugiée dans une maison close et dans la prostitution.(92-93)


C’est qu’il vaut mieux être prostituée que vierge, veuve ou femme mariée sous cet y . C’est ainsi que, menacée par un homme armé qui s’affirmait croyant en Allah le tout miséricordieux, elle lui dit « Je vends ma chair comme vous vendez votre sang » (87). Elle racontera ensuite à l’homme, sa pierre de patience, : « J’étais obligée de lui dire ça, sinon, il m’aurait violée ». Et d’expliquer : « Les hommes comme lui ont peur des putes, … en baisant une pute, vous ne dominez plus son corps. Vous êtes dans l’échange » (89). Car c’est bien de cela qu’il s’agit : la femme est possession de l’homme. La femme perçoit bien le lien qu’il y a entre cette possession et la perte de toute dignité humaine lorsqu’elle affirme : « Dès que vous possédez une femme, vous devenez aussitôt des monstres » (128).


Racontant son corps de femme bafoué par cet homme qu’elle a pourtant soif d’aimer, elle se découvre elle-même peu à peu, et découvre de même la capacité de l’homme à devenir tendresse et attention lui aussi. Ce ne sera pas avec son homme, mais dans la relation initiatique qu’elle a avec ce jeune soldat bègue, lui-même victime sexuelle blessée par son « protecteur », qui vient d’abord la trouver comme la pute qu’elle n’est pas. Parlant de cette tendresse sexuelle et de cette attention réciproque enfin rencontrées, elle dit à son homme : « … il m’a fait penser à toi. … il est aussi maladroit que toi. Sauf que lui, il en est à ses débuts, et il apprend vite ! Mais toi, tu n’as jamais changé. A lui je peux dire quoi faire, comment faire. Si je t’avais demandé tout cela … j’aurais eu la gueule défoncée ». (115). Une situation inimaginable chez nous ? C’est aux femmes battues ou violées dans leur couple qu’il faut poser cette question.


Tous les Afghans ne sont pas de cette espèce, ni a fortiori tous les musulmans, comme tous les occidentaux, chrétiens ou non, ne battent ni ne violent leur femme, mais Atiq Rahimi, à travers son récit à portée universelle, en appelle à une relation entre l’homme et la femme dégagée de toute volonté de domination et de possession. La rencontre des corps n’est jamais un droit ni un dû. Il est connivence attentive à laquelle rêve et croit possible cette femme.


Même un tel homme existe dans ce récit. C’est le père de l’homme, mais il st traité comme un fou par sa femme et ses fils,  « Tout simplement parce qu’il est parvenu à une grande sagesse ». (103) Par-delà le conte que sa tante lui avait partagé à propos duquel elle avait interrogé son beau-père, c’est lui qui lui apprend le secret d’une fin heureuse possible à nos vies aux déroulements et aux issues aussi souvent improbables que ceux du conte : « … renoncer à trois choses : l’amour de soi, la loi du père, et la morale de la mère » (102)


C’est cet homme aussi qui lui fera cette lecture alternative des premières pages du Coran : il y voit Muhammad libéré de l’obsession du géant qui le menace dans la terreur de ses nuits, quand Kadidja, sa compagne, « … le prend sur son sein … se découvre la tête et les cheveux  … et lui demande » (125) s’il voit encore l’être gigantesque qui le hantait. Il ne le voyait plus, et Kadidja de conclure que c’était un ange. Tu vois lui dit-elle, si c’était un diw, il n’aurait pas montré le moindre respect pour ma chevelure et n’aurait pas alors disparu » (125). Kadidja révélait ainsi à Muhammad le sens de sa prophétie.


Un outil pas banal


Dans l’analyse 13-2007, consacrée à une approche de la série télévisée « Plus Belle la Vie », nous évoquions la possibilité de la considérer dans la famille, notamment lorsqu’elle comprenait des adolescents, comme un outil de dialogue sur des sujets souvent difficiles à aborder au départ du vécu concret, de soi-même ou de proches.


Nous y écrivions qu’il en allait de cela comme d’une démarche de formation permanente d’adultes que nous avions expérimenté : l’approche de problèmes très prenants, individuellement et/ou collectivement, par le biais de la fiction. Concrètement, un groupe aborde une question donnée, non par les canaux classiques de l’apport d’’ expert » ou par l’étude d’un essai, mais par celui du partage d’une lecture préalable et commune de récits de fiction . »


« Syngué Sabour » offre sur ce plan, par-delà sa possible lecture au premier degré, un profil particulièrement adéquat et interpellant sur de nombreux sujets qui font la préoccupation constante de l’association « Couples et Familles » : la place de la femme dans le couple et dans la société, la communication dans le couple, la relation sexuelle et l’éducation à son propos, l’impact des religions sur l’ensemble de ces questions. Bref, une mine inépuisable de confrontations d’idées pour interpeller nos propres conceptions et convictions ainsi que nos propres comportements.


Formez un groupe de six à huit participants, femmes et hommes à parité si possible, lisez ce roman chacun et chacun de votre côté, puis lors d’une première rencontre, confrontez vos premières impressions. Au départ de celles-ci, posez-vous trois ou quatre questions à propos des thèmes qui ont émergé plus nettement. Relisez ensuite chacune et chacun le roman pour aborder ces questions. Aucun danger d’ennui à la relecture : elle vous apparaîtra nouvelle compte tenu, et des ressentis partagés au cours de la première rencontre, et des questions retenues, qui focaliseront différemment la lecture. Rencontrez-vous alors pour un second partage. Bonne route si vous tentez l’expérience, et faites-nous part de vos découvertes. Elles ne pourront qu’enrichir l’horizon de ce roman tel que dessiné ici .

 

 


[1] Syngué Sabour. Pierre de patience, Atiq Rahimi, P.O.L., 2008.
[2] Le film qui transpose ce roman au cinéma sortira en salle au cours des premiers mois de 2013.
[3] Dans « Perspective Cavalière » - Gallimard 1970 - p. 78-79 -
[4] Les chiffres entre parenthèses réfèrent à la page de l’édition de poche « Folio » n° 5043.
[5] En Islam, Allah se prie sous différents noms, au nombre de 99.
[6] À noter que El-Savour est le 99e de la liste des noms d’Allah.
[7] Maurice Bellet, « Le Dieu Pervers », Desclée de Brouwer, 1979.
[8] Analyse rédigée par Jean Hinnekens, au départ du travail d’un groupe de lecture.

 

 

 

 

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