Analyse 2017-38

Cette année encore, le budget alloué aux cadeaux de Noël des enfants a augmenté [1]. L’envie de chouchouter sa petite tête blonde adorée n’a pu être maîtrisée et la quantité de cadeaux s’est alors amplifiée. Seulement, sommes-nous toujours conscients de ce qui nous pousse à consommer autant ? Avons-nous toutes les cartes en main pour décider d’acheter délibérément ?

Une surabondance de cadeaux

Nombreuses sont les raisons qui entraînent les parents à surconsommer en période de fêtes de fin d’année.

Nous ne cessons d’être sollicités par la publicité. Que ce soit par un catalogue promotionnel lorsque l’on relève son courrier dans sa boîte aux lettres ou via les médias (à la télévision ou sur internet), tout est mis en place pour nous inciter à consommer. En outre, l’exposition récurrente à certains produits nous convainc de manière très subtile que l’on a besoin de ceux-ci et les promotions en tête de rayons du magasin nous rappellent le caractère inédit de leur offre. Il en devient parfois difficile de faire la part des choses et de résister à « LA » bonne affaire.

Qui plus est, dans notre modèle de société de consommation ambiant, il n’est pas rare d’assimiler la quantité de bonheur que l’on peut offrir à son enfant au nombre de cadeaux offerts. Ceci couplé à la pression d’être un « bon parent », on ne peut s’étonner de voir le sapin crouler sous le poids des multiples cadeaux.

Par ailleurs, la culpabilité d’avoir été peu disponible pour son enfant durant l’année écoulée peut être un moteur dans ce mouvement d’achats en surnombre. Il s’agit d’une manière de se « racheter » auprès de son enfant et de lui montrer qu’au fond, on pense tout de même à lui.

Enfin, l’enfant qui sommeille en chaque adulte refait son apparition à la période de Noël et inconsciemment, ce peut être cet enfant que l’on souhaite satisfaire ou réconforter avant toute chose. Cela se manifeste maladroitement lorsque l’on offre à son fils ou à sa fille un cadeau que l’on aurait soi-même souhaité avoir ou encore lorsqu’on le gâte à foison pour apaiser notre regret d’avoir été privé étant petit [2].

Un surplus de cadeaux nuisible pour les enfants …

Cette profusion de cadeaux induit de la confusion chez l’enfant. L’amour et la valeur que ses proches lui portent lui semblent alors corrélés au nombre de cadeaux que ceux-ci lui offrent. « Plus il y a de cadeaux sous le sapin, plus je me sens aimé des membres de ma famille ». Mais qu’adviennent alors les relations à ceux qui n’ont pas apporté de présents ? Sont-elles encore dignes d’intérêt ? L’enfant est-il capable de vivre sa relation à l’autre de manière désintéressée ? Juste parce qu’il est bon d’être ensemble dans une relation à partager, une histoire commune [3].

De plus, à force de baigner dans une quantité invraisemblable de cadeaux, il devient plus difficile pour l’enfant de percevoir le geste symbolique du cadeau. Dans ce contexte, comment peut-il se rendre compte que cette attention a davantage une valeur affective qu’une valeur financière ? Qu’un bon petit plat préparé spécialement  pour lui dans le but de lui faire plaisir est tout aussi louable (si ce n’est plus) qu’un cadeau sorti tout droit du magasin ?

En outre, l’enfant arrivera-t-il encore à apprécier le geste qu’on lui a porté de manière authentique ? Ou bien, finira-t-il blasé de ce trop plein de cadeaux et feindra-t-il une réaction socialement attendue pour soulager son donneur d’avoir fait les bons choix ?

Par ailleurs, si l’enfant est certain d’être couvert de cadeaux à chaque Noël, ne risque-t-il pas de percevoir ces dons comme un dû annuel ? Parviendra-t-il à l’avenir à rêver à ce qui lui fait réellement envie, à identifier ce qui le fait vibrer et à définir ses propres goûts? Ou bien est-ce que seul le nombre d’objets comptera comme critère de réussite de cette célébration?

…et aussi pour la planète !

La surconsommation de cadeaux durant les fêtes de Noël a un impact indéniable sur l’environnement.  Qui dit  cadeaux dit aussi emballages et en conséquence, une formation de déchets supplémentaires à ceux du quotidien. Qui plus est, la volonté d’offrir beaucoup de cadeaux amène certains parents à acheter des objets de mauvaise qualité, qui cassent rapidement et participent à une production conséquente de déchets non recyclables. De plus, l’importation des cadeaux depuis l’étranger ainsi que l’achat d’objets électroniques ou en plastique augmentent considérablement les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique. C’est pourquoi, le choix et la provenance de nos cadeaux devraient être source de réflexion au sein des familles. Sans quoi, nous risquerions de participer activement au déclin de notre terre. [4]

Un Noël responsable pour la famille

Les enfants apprennent beaucoup des comportements des personnes qu’ils estiment (que ce soit leurs parents, les autres membres de la famille ou des proches). Dès lors, pourquoi ne pas profiter de cette période de l’année pour poursuivre leur apprentissage et les sensibiliser à une consommation responsable? Il s’agit d’un moment opportun pour consolider leur éducation à une consommation qui tienne compte de l’humain et de ses relations, mais aussi de l’environnement dans lequel il vit.  Il découvre également le coût de chaque choix établi et peut déceler les priorités familiales et sociétales.

Quelques alternatives

Tout d’abord, est-il indispensable que tous les membres de la famille offrent chacun un objet à un enfant alors qu’il est commun de le voir s’intéresser à un unique jouet et laisser de côté tous les autres non désirés ? Pourquoi ne veillerions-nous pas à entendre la demande qu’a adressée l’enfant à Père Noël dans sa lettre en direction du Pôle Nord et n’essaierions-nous pas d’y répondre collectivement ?

Ensuite, s’il tient à cœur à chacun d’offrir un cadeau, pourquoi ne pas profiter de sa créativité pour en réaliser un « fait main » ? Avec la mode du « Homemade », les sites internet et tutoriels affluent sur la toile pour vous aider dans l’exécution de votre création. Il en est de même pour la réalisation d’emballage cadeau réutilisable. Par exemple, le « Furoshiki » est une technique d’emballage en vogue et écologique qui vous permet de transporter votre cadeau à l’aide de tissu.

Il est également possible de se procurer des cadeaux en seconde main. Ceux-ci donnent une seconde vie à un objet et diminuent la production abondante de jouets. Une autre possibilité consisterait en l’achat de bons cadeaux ou de cadeaux échangeables. Ceux-ci auront le mérite de ne pas finir à poubelle s’ils ne sont pas au goût de la personne et éviteront d’engendrer davantage de déchets. L’achat de jouets en matériaux durables (par exemple en bois) peut également être une alternative pour pallier l’augmentation des détritus.

De surcroit, si vous vous sentez coupable d’avoir négligé votre relation à votre enfant (petit enfant, filleul…), pourquoi ne pas réfléchir à la manière de prendre soin de cette relation ? Vous pourriez songer à la façon de dégager du temps de votre planning, passer un moment de qualité ensemble ou proposer une sortie familiale (par exemple : aller à la patinoire, au cinéma…).

Une autre possibilité réside dans la location de jouets. L’enfant est ainsi dès son plus jeune âge conscientisé aux questions de « non gaspillage », de « renouvelable » et de partage. Quant au parent, cette option lui permet d’observer l’investissement de l’enfant envers un jeu particulier. En effet, certains jeux sont vite oubliés de l’enfant tandis que d’autres sont devenus des incontournables. Les tester permet de discriminer les jeux réellement désirés par l’enfant et facilite l’achat aux parents d’un jeu dont l’usage sera garanti.

Finalement, Noël est avant tout une célébration durant laquelle on offre et non durant laquelle on achète. Dès lors, pourquoi ne pas offrir de son temps, de ses biens (jouets, vêtements, meubles, couvertures…), de ses vivres non périssables et de son énergie pour les plus démunis ? Nombreuses sont les initiatives qui accueillent votre générosité (La Croix-Rouge, Les Restos du Cœur, Une main tendue, L’Opération Thermos, L’Opération « Shoe-Box », L’Opération « Noël pour tous, un sapin solidaire »…). Partager cette expérience avec vos enfants c’est également les rendre acteurs d’un monde plus solidaire [5].


Pour aller plus loin :

« L’échange de cadeaux : un rituel incontournable ? » In http://www.couplesfamilles.be/

« Fête de fin d’années : un plus pour les familles ? » In http://www.couplesfamilles.be/

« Offrir et recevoir : un art de vivre » In http://www.couplesfamilles.be/

« Faut-il supprimer des cadeaux de Noël » In http://www.couplesfamilles.be/

 

 

 

 

 

 


[1] « Le budget moyen pour la Noël progresse » In http://www.7sur7.be/ (consulté le 06 décembre 2017)
[2] « Noël : Trop de cadeaux ? » In http://www.psychologies.com/
[3] « Noël : Trop de cadeaux ? » In http://www.psychologies.com/
[4] « Comment préparer des fêtes de noël écolos » In https://www.notre-planete.info/
[5] Analyse rédigée par Aurelie Degoedt.

 

 

 

 

 

 

 

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