Analyse 2009-2

La rentrée à la crèche est un événement important, qui doit se préparer. Parents et professionnels doivent être partenaires dans l’éducation des tous petits.


Aujourd’hui, les parents n’éduquent plus seuls. L’éducation est devenue une tâche collective. Cela commence très tôt pour de nombreux enfants, dès l’entrée à la crèche. Le personnel de ces crèches est confronté à des défis importants. En effet, le métier de puéricultrice n’est pas simple : elle doit s’occuper non seulement des enfants (c’est sa tâche principale), mais également des parents. Car les parents doivent se sentir aussi bien à la crèche que ne le sont leurs enfants. Voilà pourquoi les professionnels sont tenus d’établir un contact positif avec eux, et s’efforcent de devenir de véritables soutiens dans la parentalité. Puéricultrices et parents doivent être partenaires au quotidien, en n’oubliant jamais que c’est le parent qui reste le moteur d’innovations par rapport à son enfant. C’est lui qui doit initier son enfant aux nouveautés, comme le passage du biberon au repas à la cuillère, par exemple. Pour créer des liens et favoriser le contact entre la famille et le milieu d’accueil, certaines crèches ou pré-gardiennats organisent des événements qui permettent de créer une dynamique très agréable : petites fêtes, goûters, soupers, avec ou sans les enfants. Lorsqu’un enfant arrive à la crèche, plusieurs moments clés ne doivent en aucun cas être « zappés ».  


L’inscription à la crèche


Le premier moment important est le temps de l’inscription. L’accueil des parents qui viennent inscrire leur enfant à la crèche est primordial. Il s’agit du premier contact entre les parents et l’univers de la crèche, qui permet déjà aux parents de ressentir une certaine ambiance. Lors des premiers échanges, les parents sont souvent stressés à cause du manque de place. Une tension est déjà perceptible alors que, souvent, l’enfant n’est pas encore né. Le moment de l’inscription est donc un moment difficile pour les parents. La maman est à son troisième mois de grossesse. Elle est dans une période d’attachement très fort avec son bébé. Elle se demande comment il va être, elle fantasme à son propos. Â ce moment-là, on lui demande déjà de penser à s’en détacher. Ce n’est pas évident du tout ! C’est sans doute la raison pour laquelle certains parents se présentent tardivement pour l’inscription ; ils ont du mal à passer le cap de l’attachement vers le détachement. Les puéricultrices doivent donc rassurer les parents inquiets, les écouter, les informer. En plus d’être l’occasion de présenter la crèche aux parents, l’inscription est donc un moment très précieux.  


L’entrée à la crèche


Le deuxième temps fort est celui de l’entrée à la crèche. C’est le moment de l’acclimatation, de la familiarisation et de l’adaptation. L’entrée à la crèche est également un moment difficile car il marque la première séparation importante entre l’enfant et ses parents et cela se vit chaque fois de manière différente. La séparation d’avec chaque enfant se vit différemment. Une mère peut avoir plus de difficultés à se séparer d’un de ses enfants que d’un autre. Cela s’explique par le fait que l’attachement à la naissance n’est jamais le même. Les choses ne se mettent pas en place de la même manière. Chaque entant est différent, et chaque relation est nouvelle. Malgré ce degré divers d’attachement, au moment de l’entrée en crèche, les parents confient aux professionnels qui travaillent dans la crèche ce qu’ils ont de plus précieux au monde… Ils savent bien sûr que les puéricultrices ont un diplôme et de l’expérience, mais ils doivent néanmoins faire la démarche de confier leur enfant à quelqu’un qu’ils ne connaissent pas… Une période de familiarisation est donc nécessaire et même indispensable, pour instaurer un climat de confiance. Ce moment permet, en effet, une prise de contact, mais aussi une prise de confiance et d’échange. Il va conduire le parent, la puéricultrice et l’enfant dans une relation qui va parfois durer deux ans et demi. Ce n’est pas rien dans la vie d’un jeune enfant ! Ce climat de confiance peut s’installer par des processus divers, qui varient d’une crèche à l’autre. Dans certaines crèches, les parents sont invités à venir visiter la crèche six fois pendant une demi-heure dans les deux semaines qui précèdent l’entrée à la crèche. D’autres crèches proposent aux parents de participer à une réunion un mois avant de mettre leur enfant à la crèche. Voilà l’occasion de présenter le projet pédagogique, d’échanger sur les attentes des parents et des puéricultrices. Les familles ont ainsi déjà l’occasion de créer des liens entre eux et de rencontrer la puéricultrice de référence. La période d’acclimatation est également très importante pour le bébé qui voit de nouveaux locaux, de nouvelles personnes, de nouvelles couleurs, entend de nouveaux bruits.


Les relations quotidiennes


Le troisième moment important concerne les relations au quotidien. La puéricultrice doit se donner le temps d’accueillir le parent et l’enfant le matin et le soir. Ce moment d’échange est primordial. La professionnelle peut raconter aux parents ce qu’a été la journée de leur enfant, mais elle peut aussi entendre leurs inquiétudes éventuelles. Les puéricultrices doivent prendre le temps de parler, dans toute la mesure du possible. Les parents attendent parfois cet échange sans oser formuler leur envie. Les puéricultrices doivent y être attentives.  


Des hommes dans les crèches


Il faut aussi noter que l’image de l’homme est importante en crèche. Les étudiants masculins en psychologie, par exemple, lorsqu’ils viennent faire des observations ou des stages en crèche, ont généralement un succès fou auprès des enfants. Aujourd’hui, de nombreuses femmes éduquent leurs enfants seules. Les tout petits ont pourtant besoin d’une image masculine, d’autant plus lorsqu’ils vivent dans des familles monoparentales. Certains enfants ne côtoient pas d’homme avant leur entrée à l’école secondaire… Conséquence ? Cela donne parfois des petits garçons que l’on qualifie d’hyperkinétiques, qui refusent toute autorité féminine. Il serait bon d’équilibrer les équipes dans les crèches, et de les renforcer de présences masculines. Mais pour cela, les mentalités doivent évoluer. Selon une conception classique des rôles masculins et féminins, on considère encore souvent que le soin aux plus jeunes enfants est une affaire de femmes. Ce n’est pas parce qu’on s’occupe d’un bébé qu’on n’est pas un homme… Cette image est ancrée dans les esprits, et les hommes qui sont attirés par le soin aux enfants se tournent donc plus vers les métiers d’instituteur ou d’éducateur. Il faut dire que le salaire y est aussi pour quelque chose. La société actuelle ne valorise pas la petite enfance. Le salaire que gagnent les puéricultrices et les enseignants est le reflet de la valeur que nous accordons à nos enfants. Les hommes ne sont sans doute pas prêts à exercer un métier qui rémunère si peu, et qui est difficile.  


Le pré-gardiennat


L’entrée au pré-gardiennat est un peu différente de l’entrée à la crèche. Les enfants y sont accueillis alors qu’ils sont un peu plus âgés : à partir de dix-huit mois. L’accueil y est donc différent. Car ces enfants ont généralement déjà un passé et des expériences derrière eux. Malgré tout, l’accueil se fait également en laissant une grande place aux parents, qui sont aussi inquiets que lorsqu’il s’agit d’un tout petit bébé. Le contact avec les parents peut être plus facile que pour les crèches, car souvent les mamans ont envie de reprendre le travail et de prendre un peu de temps pour elles. Le temps de familiarisation doit toutefois être respecté. Si l’entrée au pré-gardiennat doit se passer en douceur, il en va de même pour la sortie. Car le pré-gardiennat est la dernière étape avant l’école maternelle. Ce passage se vit généralement plus aisément lorsque les locaux soient intégrés dans le même site qu’un établissement scolaire. Pourquoi ? C’est un avantage pour les parents qui peuvent déposer tous leurs enfants au même endroit et, de plus, l’enfant peut déjà se familiariser avec l’école maternelle. Il connaît déjà sa future classe, il rencontre son institutrice. Les enfants qui ont été préparés au passage vers l’école maternelle quittent plus facilement le pré-gardiennat (1).    

  

 


 

     
(1) Analyse rédigée par Isabelle Bontridder (Couples et Familles) au départ d’une rencontre-débat animée par plusieurs représentants des milieux d’accueil de la petite enfance, dans les cadres des Midis de la Famille organisés par l’échevinat de la famille de la commune d’Ixelles, en partenariat avec différentes associations, dont Couples et Familles.

 

 

 

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