Analyse 2011-15

Les natifs de la génération Y sont nés entre 1980 et 1995. Les membres de la génération X ont vu le jour entre 1960 et 1980. Le monde a-t-il évolué depuis les années 1960 ? Quels sont les changements ? Les points communs ? Le monde de l’entreprise a-t-il été bouleversé par l’arrivée des Y sur le marché de l’emploi ? Analyse.


D’après les spécialistes et en fonction de notre date de naissance, nous appartenons tous à une génération. Les personnes nées avant 1945 font partie de la génération silencieuse. Celles qui sont nées entre 1945 et 1960 sont des « baby boomers ». Les individus qui ont vu le jour entre 1960 et 1980 font partie de la génération X. Et ceux qui sont venus sur terre entre 1980 et 1995 sont de la génération Y.


Cette classification  a d’abord été employée en démographie, puis en sociologie. Aujourd’hui, elle est largement utilisée par le marketing.


Les caractéristiques de la génération X


La génération X est aussi appelée « bof Génération » ou « Génération MTV ». Elle se situe dans une transition sociale : du déclin de l’impérialisme colonial à la chute du mur de Berlin (qui a marqué la fin de la guerre froide). Située juste après les baby-boomers, cette génération a vécu un creux de vague au niveau professionnel.


La génération X est constituée d’individus nés entre 1960 (51 ans) et 1980 (31 ans). Ils ont grandi en regardant la télévision et en jouant à des jeux vidéo. D’après les spécialistes, les natifs de la génération X ont sans cesse besoin d’être divertis, sinon ils s’ennuient. Leurs principales caractéristiques sont :

  • le cynisme,
  • l’apathie,
  • la paresse,
  • le manque de confiance dans les valeurs traditionnelles et dans les institutions,
  • le matérialisme,
  • un intérêt pour tout ce qui a trait au high-tech.


On dit souvent de cette génération qu’elle est la génération « sacrifiée ». Elle n’a pas su trouver ses repères, contrairement à la génération de ses parents qui sortait de la Deuxième Guerre mondiale et qui devait reconstruire le pays.


Les natifs de la génération X ont des emplois avec des salaires faibles et connaissent des taux immobiliers très élevés.


Les caractéristiques de la génération Y


Les natifs de la génération Y – également appelés « digital natives » – sont nés entre 1980 et 1995. Ils n’ont pas connu le monde sans le sida et n’ont pas eu à subir la menace apocalyptique de la guerre froide. Ils ont grandi avec l’arrivée en masse des séries d’animation japonaises.


Dès la fin des années 1970 et suite à l’apparition des nouvelles technologies, de nombreuses mutations sociétales ont eu lieu. Les jeunes de trente ans et moins ont grandi avec l’ordinateur et l’avènement des nouvelles technologies. Ils ont donc acquis une maîtrise intuitive de l’informatique qui dépasse généralement celle de leurs parents.


Si la génération X a pu s’extasier devant les progrès constants réalisés par l’industrie audiovisuelle et ses effets spéciaux, il n’en va pas de même pour les natifs de la génération Y qui sont nés après des films cultes tels que « Star Wars ». Pour eux, les progrès technologiques vont de soi et plus rien ne peut être graphiquement « étonnant ». Ils vivent avec le sentiment que tout est possible.


Les caractéristiques majeures de cette génération peuvent être regroupées au sein de ce que l’on appelle « les 4 I » :

  • individualisme
  • interconnexion
  • impatience
  • inventivité


Les jeunes de la génération Y ont l’habitude de manifester leurs opinions, de s’interroger et de tout remettre en question. Leur Crédo ? Carpe Diem. Ils privilégient avant tout leur bien-être et ont du mal à se projeter dans l’avenir. En fait, les X éprouvent des difficultés à devenir adultes. Ils font partie de ce que l’on appelle « la génération des Tanguy » (en référence au célèbre film « Tanguy » d’Etienne Chatiliez.) Ils ont tendance à quitter le domicile familial plus tard que les générations précédentes et repoussent le moment où ils devront prendre leurs responsabilités. La première cause de cette tendance peut être définie en termes économiques : les crises économiques ont rendu l'accès au logement plus difficile pour cette génération touchée par un fort taux de chômage.


Les Y sont les enfants du divorce et vivent bien souvent dans des familles monoparentales. Du coup, ils accordent moins d’importance aux valeurs traditionnelles telles que la famille ou le travail. Les relations humaines sont très importantes pour eux. Ils recherchent souvent le contact en dehors de la famille et fonctionnent selon le principe du réseau ou de la tribu.


La lol culture


Les jeunes de la génération Y sont largement imprégnés par la « lol culture ». Ils appréhendent le monde en le critiquant par le rire et par l’absurde. Le « lol » (qui signifie « laughing out loud »/ « rire aux éclats »), largement utilisé sur la toile, exprime une posture mentale : celle de ne jamais rien prendre au sérieux. Alors que le monde est sérieux, globalisé, marchand, rationnel, le « lol » promeut le régressif enfantin et permet une approche du monde par le rire.


Il est vrai que le rire est fédérateur et peut servir de défouloir. Les jeunes de la génération Y tournent donc tout à la dérision et posent un regard ironique et sarcastique sur le monde. La lol culture est, en fait, un mode d’action contestataire qui met en avant la bêtise et le fou-rire.


Pour déclencher le rire, les adeptes de la lol culture recherchent des éléments visuels et/ou sonores. Différentes techniques sont utilisées :

  • des extraits de programmes tv (bredouillages, lapsus),
  • des vidéos de spectacles comiques,
  • des bouts de films,
  • …


Dans la lol culture, personne n’est épargné – pas même les sujets tristes – et tout est tourné en dérision.


Les différences et points communs des générations X et Y


Pour certains spécialistes, il existe un grand décalage entre les natifs de la génération X et les natifs de la génération Y. Les plus jeunes sont désinvoltes, n’aiment pas l’autorité et ne pensent à leur avenir qu’à très court terme.


Mais ceci n’est-il toutefois pas une des caractéristiques principales de la jeunesse ? En son temps, Socrate disait déjà :


« Notre jeunesse aime le luxe, elle est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respects pour les anciens. »


La génération X en entreprise


D’autres considèrent que les générations X et Y ne sont pas si différentes que cela. Ces deux générations se ressemblent et partagent les mêmes valeurs. Aujourd’hui, dans le monde de l’entreprise, les X sont les patrons des Y. Mais comme eux, ils n’aiment pas porter la cravate et doivent interdire l’accès à Facebook alors qu’eux-mêmes voudraient pouvoir surfer en toute quiétude sur le réseau social.


Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, les Y débarquent dans les entreprises avec leurs nouvelles idées et leurs nouveaux comportements. Et cela crée quelques remous car cette génération remet en question les procédures ainsi que la hiérarchie, ce qui ne plaît pas particulièrement aux aînés.


Des études démontrent que la génération Y a non seulement besoin de comprendre le pourquoi de ce qui lui est demandé, mais qu’elle souhaite également travailler dans des sociétés dont les valeurs s’inscrivent dans une certaine éthique. Les Y sont moins intéressés par l’argent que leurs prédécesseurs. Pour eux, les rapports sociaux au sein de l’entreprise sont essentiels. Ils souhaitent un réel équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle, et veulent s’épanouir dans leur carrière. Ils veulent être impliqués dans la gestion des projets, et il leur est primordial de se voir confier des missions intéressantes et valorisantes.


Tous ces éléments ne facilitent pas la réussite des projets en cours. La venue de la génération Y dans l’entreprise et de ses questions permanentes n’aident pas la tâche des chefs de projet.


Mais la génération Y apporte également des atouts dans l’entreprise : elle est plus créative et a le goût de l’innovation tout en détestant perdre son temps.


Conclusion


Ces descriptions sociologiques, même si elles sont forcément schématiques et dressent un portrait-robot qui ne correspond à aucune personne particulière, ont pourtant le mérite d’attirer l’attention sur les mutations culturelles en cours. C’est évidemment utile pour le marketing, afin de mieux cibler les consommateurs d’aujourd’hui, mais ce l’est aussi pour les milieux éducatifs. Les familles comme l’école, en prenant conscience des évolutions et des changements en cours, peuvent eux aussi réévaluer leurs attitudes et les programmes qu’elles essaient de développer.


Mais il convient aussi d’être vigilant : la description sociologique des caractéristiques d’une génération s’impose parfois comme un prescrit : puisque c’est ainsi, c’est ainsi que cela doit être. La réalité dans laquelle sont baignés les enfants ou le jeunes d’aujourd’hui ne retire pourtant rien à la pertinence des valeurs auxquelles leurs parents et éducateurs souhaitent les ouvrir. C’est là tout le dynamisme de l’éducation.

 


 

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