Analyse 2017-05

Avez-vous déjà entendu parler de ces conférences où plusieurs speakers présentent tour à tour une brève intervention à un public en quête d’inspiration ?

Répandre des idées. Tel est l’objectif des conférences TED [1]. Qu’il s’agisse de sciences, d’art, de technologies, d’économie, de questions sociales, etc. ; les discours des intervenants ont en commun qu’ils sont porteurs « d’idées qui valent d’être partagées ». N’excédant généralement pas une vingtaine de minutes, ces exposés regorgent de pistes de réflexions sur lesquelles il pourrait être bon de s’attarder en vue, pourquoi pas, de changer le monde.

Apparu en 1984 en Californie, ce concept est aujourd’hui présent à travers le monde et a donné naissance aux conférences TEDx [2], qui elles sont organisées de manière autonome par qui le souhaite mais toujours dans le respect des critères déterminés par TED. [3]

D’ailleurs, il n’est pas rare qu’un de ces évènements voie le jour sur le territoire belge. En février, c’est à Namur (lors du TEDxUNamur 2017) qu’il était possible d’observer – mais surtout d’écouter – quatorze speakers présenter leurs idées et réflexions autour de la thématique « Humain 2.0 ». [4] Début mars, c’était au tour de Bruxelles de proposer un TEDx intitulé « No limits beyond this point » [5] ; et prochainement, un TEDx sur le thème « Harder, better, faster, stronger ? » [6] se tiendra à Liège.

Un thème, plusieurs approches

Assez vastes, les thématiques des TEDx permettent d’être abordées sous une multitude d’angles, d’où une diversité marquée parmi les profils des intervenants. Scientifique, philosophe, artiste, etc. défilent devant un public spectateur d’allocutions aussi diverses que variées ne laissant donc nulle place à la monotonie. De plus, le laps de temps imparti à chaque intervenant permet de rythmer la conférence et de tenir ainsi l’assistance en haleine.

Une pluie d’idées

Lors des conférences TEDx, il pleut des idées. Des spécialistes nous livrent quelques-unes de leurs pensées les plus profondes et les réflexions qu’elles ont nourries ; et parfois même les applications concrètes qui en ont découlé. Attentives aux propos dévoilés, les personnes qui composent l’assemblée semblent effectuer un double exercice mental : elles intègrent le message dévoilé par l’orateur tout en pouvant, pourquoi pas, enclencher un nouveau processus de réflexion personnel quant à celui-ci.

Même si pas totalement en accord avec l’intervenant, le spectateur peut néanmoins être interpellé par certains éléments du propos du speaker qui pourraient éventuellement susciter un nouveau raisonnement allant dans une toute autre direction.

Ainsi, peu importe si nous ne sommes pas d’accord avec le message qui nous est délivré. Du moment que celui-ci est susceptible de nous amener à réfléchir, nous pourrions dire que l’objectif est atteint.

En outre, ces conférences permettent au public d’être confronté à des questions sur lesquelles il ne s’était probablement jamais penché ; voire, dont il ignorait qu’elles pouvaient se poser. Autrement dit : encore une occasion de faire émerger de nouvelles pensées, et par voie de conséquence, d’engendrer d’éventuels changements dans notre société.

Une opportunité à saisir

Il semblerait opportun, selon Couples et Familles, de promouvoir davantage ce type de conférences auprès des jeunes ; et ce dès l’enseignement secondaire. En plus d’entendre les idées et réflexions de spécialistes en tout genre, les jeunes pourraient, au travers des multiples interventions de speakers : apprendre, penser, développer leur esprit critique, construire un raisonnement incluant des idées nouvelles, compléter certaines de leurs réflexions préexistantes, se familiariser avec la réalité de certains aspects – même si elle nous est parfois cachée – du monde dans lequel nous vivons, etc.

Mais, ce que ces conférences pourraient apporter de plus précieux aux jeunes, c’est sans doute de l’inspiration. Les adolescents qui, pour la plupart, n’ont aucune idée précise de ce à quoi ils se destinent, pourraient, en étant confrontés à ces discours, découvrir de nouveaux centres d’intérêt, un attrait pour une discipline ; voire une vocation. N’est-ce pas là un des buts que l’école devrait prioritairement poursuivre ?

Actuellement, de nombreux jeunes diplômés de l’enseignement secondaire sont dans le flou quant à leur avenir. Indécis, ils risquent de s’engager dans une voie qui ne leur apportera pas l’épanouissement tant espéré ; ce qui explique en partie que bon nombre d’étudiants soient confrontés à l’échec durant leur première année dans l’enseignement supérieur. [7] Les chiffres de l’Observatoire de l’Enseignement Supérieur nous apprennent ainsi que pour l’année scolaire de 2008-2009, moins de la moitié des étudiants de première année ; soit 45,2% accéda à la deuxième année en 2009-2010. [8]

Dans cette perspective, il semble nécessaire de fournir aux jeunes le plus de sources d’inspiration possibles ; de les aider à s’ouvrir au monde et à s’intéresser davantage à celui-ci. Cette démarche ne peut que favoriser l’émergence d’un projet de vie qui sera susceptible de guider le jeune tout au long de son existence.

De plus, en étant informé sur l’état des lieux de diverses questions nous touchant de près ou de loin, cela ne peut que contribuer à nous responsabiliser en tant que citoyen. S’assurer que la jeunesse acquiert ce sens des responsabilités, n’est-ce pas encore là une des préoccupations dont le secteur de l’enseignement devrait se soucier ?

Et cerise sur le gâteau, plusieurs interventions se donnent en langues étrangères, notamment en anglais ; une occasion pour les adolescents de travailler leurs compétences de compréhension à l’audition.

Rôle de la famille

Si l’école ne prend pas l’initiative d’inclure ce type de conférences dans son programme, rien n’empêche les parents de s’y rendre avec leurs enfants. En plus d’une sortie familiale où parents et jeunes peuvent se retrouver pendant plusieurs heures, ces conférences foisonnent de sujets qui invitent au débat. L’occasion pour les parents et adolescents de partager leurs points de vue sur diverses questions – qui ne sont généralement pas abordées au cours des discussions habituelles qui animent les repas de famille –  et d’apprendre ainsi à mieux connaître les positions et opinions de chacun.

L’apprentissage du partage de ses opinions (qui passe obligatoirement par celui de l’expression de ses idées) ; mais aussi l’apprentissage de l’argumentation, de l’écoute, de la remise en question et du respect de l’avis d’autrui peuvent ainsi facilement être favorisés au sein de la famille grâce à ce type d’événement.

Communiquer et débattre pacifiquement sont – entre autres – des compétences qu’il est nécessaire de maîtriser dans notre société afin qu’elle reste la plus civilisée possible.

Accès aux idées

Couples et Familles salue le concept des conférences TEDx mais le prix pour y assister pose question. Par exemple, pour assister à l’événement TEDxUNamur 2017, un adulte était contraint de débourser une quarantaine d’euros, et les étudiants, la moitié de cette somme. Dès lors, assister en famille à ces diffusions d’idées (qui valent pourtant la peine d’être entendues par tous) représente un coût que toutes les familles ne peuvent se permettre. Et que dire du prix du billet standard pour le TEDxLiège 2017 qui lui, dépasse les soixante euros ? Même si une collation est incluse, il est évident que toutes les bourses ne peuvent se permettre cette sortie…

Cependant, les idées exprimées lors de ces conférences dépassent les murs des amphithéâtres ou autres lieux dans lesquelles elles sont partagées. Effectivement, les interventions sont filmées pour ensuite être diffusées sur la toile où là, tout le monde – et pas seulement quelques privilégiés relativement aisés – peut y accéder à l’aide d’un simple clic.

Pour conclure

C’est aux idées que l’on doit le changement, l’innovation, le perfectionnement, etc.

Mais les idées peuvent aussi parfois être à l’origine de réflexions dangereuses ; d’où l’importance de l’esprit critique. Pour le développer, rien de tel que de plonger tête la première dans un océan d’idées et de se questionner quant à leur pertinence, en gardant toujours l’esprit ouvert et surtout, en ne considérant pas qu’une remise en question ou un changement de position est une marque de faiblesse. 

Ajoutons qu’il incombe à l’école, mais aussi à la famille, d’outiller les plus jeunes pour qu’ils soient aptes à se forger leur propre opinion sur une multitude de questions sociétales ; et surtout de favoriser leur ouverture d’esprit.

N’oublions pas que les jeunes d’aujourd’hui seront les décideurs de demain. [9]

 

 

 

 

 

 


 

[1] https://www.ted.com/about/our-organization 
[2] https://www.ted.com/about/programs-initiatives/tedx-program
[3] https://tedxclermont.fr/ted-tedx-tedxenfrance/
[4] http://tedxunamur.com/
[5] http://www.tedxbrussels.eu/#banner
[6] http://www.tedxliege.com/
[7] Etudes supérieures comment choisir ? In :http://www.lesoir.be/902362/article/actualite/enseignement/2015-06-09/etudes-superieures-comment-choisir. Consulté le 8 mars 2017.
[8] Réussite, réorientation, redoublement et abandon en 1ère année de bachelier. In : http://www.oes.cfwb.be/index.php?id=33russite. Consulté le 8 mars 2017.
[9] Analyse rédigée par Audrey Dessy.

 

 

 

 

 

 

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