A l’occasion du cinquantième anniversaire des Feuilles Familiales, une étude historique a été réalisée par Philippe Denis, publiée dans la "Revue d’histoire ecclésiastique", vol. LXXXIV (1989), n°2, à Louvain. En voici la retranscription.
Le couple et la famille au prisme d’une revue. Histoire des « Feuilles Familiales » (1938-1975) [1]
Fernand Tonnet
Les Feuilles Familiales naissent modestement. Le 22 décembre 1938, Fernand Tonnet, ancien président de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, alors propagandiste général de l’Action Catholique des Hommes, adresse à quelques anciens jocistes un bulletin de sept feuillets polycopiés accompagné d’un mot de présentation [2] : « Au poste que j’occupe actuellement, écrit-il, il m’arrive souvent de découvrir dans les livres et périodiques que je reçois d’intéressantes et parfois admirables études sur la vie familiale, l’amour conjugal, l’éducation des enfants, etc. J’ai pensé que je devrais essayer de mettre ces pages sous les yeux de quelques anciens camarades de la J.O.C. et de leur épouse ». Au sommaire : des notes extraites d’un article du P. DoncÅ“ur sur « la sainteté du mariage chrétien » ; le compte rendu d’une récollection familiale tenue par le groupe de la Ligue Ouvrière Chrétienne d’Angers ; l’allocution d’une jeune maman, ancienne jociste et présidente de la Ligue Ouvrière Chrétienne Féminine de Roubaix-Tourcoing, au Congrès diocésain des Å’uvres Catholiques de Lille ; une note au sujet de l’Å“uvre de fondation de messes pour les anciens jocistes décédés. « Les extraits publiés dans ces pages, conclut le bulletin, ont été soumis à l’approbation de jeunes pères de famille, qui sont évidemment plus compétents que F. T. en ces domaines ». Fernand Tonnet est célibataire. Mais il ne cesse de fréquenter des foyers d’anciens jocistes. Beaucoup, Marguerite Fiévez l’a noté dans sa biographie, le prennent pour parrain de leurs enfants [3] Peu d’hommes s’intéressent autant aux questions familiales et conjugales. Or, celles-ci, dans les années trente, suscitent un intérêt croissant, en particulier dans l’Action Catholique, comme en témoignent les congrès et les enquêtes de cette époque [4]. Ce sont les débuts de l’action familiale, des débuts passionnants mais difficiles. Car tout manque, et pour commencer, un langage. On ne sait comment parler de son couple et de sa famille. « Je suis admis dans l’intimité de beaucoup de foyers d’anciens dirigeants jocistes, explique ainsi Fernand Tonnet dans la même lettre de présentation, et j’ai pu constater que ces jeunes femmes n’ont pas souvent l’occasion de s’instruire et de parachever leur formation dans ce domaine conjugal et familial. Elles risquaient dès lors de devenir peu à peu de bonnes mères de famille, de bonnes ménagères..., alors qu’elles doivent aussi veiller, avec non moins de volonté, à rester pour leur mari une collaboratrice, une confidente et parfois même une conseillère dans leur vie actuelle de militant ». Fernand Tonnet apparaît ici comme un pionnier. Citons encore ce rapport sur « l’action éducative des feuilles familiales », présenté à des propagandistes ouvriers bruxellois le 7 mai 1944 : « (Fernand Tonnet) a compris admirablement par ses nombreux contacts avec de jeunes foyers les besoins et les possibilités de ceux-ci. Il a remarqué une chose que nous avons tous éprouvée personnellement : l’abandon dans lequel sont laissés les jeunes foyers, issus de l’Action Catholique. Si du point de vue syndical, politique, ces jeunes foyers ont été raccrochés aux mouvements d’adultes surtout, rien n’existait pour les aider à résoudre leurs difficultés de jeunes mariés, difficultés d’adaptation à une vie toute nouvelle, d’épouse et d’époux, difficultés rencontrées dans leur métier de parents, d’éducateurs et mêmes difficultés de poursuivre un apostolat qui se présentait tout différemment de l’apostolat dans les mouvements ». Dès janvier 1939 paraît un second numéro, cette fois intitulé Aux anciens. Il est édité et diffusé par le Secrétariat Général de la J.O.C. Fernand Tonnet a obtenu le concours de Léon Soyeur, qui assure le secrétariat, et de Paul Garcet [5] « Chaque numéro du bulletin, précise l’éditorial, sera soumis à MMrs les Chanoines Cardijn et Cardolle ». Signe du succès de l’entreprise, le numéro quatre, daté de mai 1939, est imprimé. Il en sera ainsi jusqu’au numéro douze (février-mars 1940). A cette date, la revue compte mille cinquante abonnés.
Les années de guerre
Comme son nom l’indique, Aux anciens est un bulletin de liaison des anciens jocistes. « Nous pensons, écrit un ancien signant Benjamin, que nous nous rendrons mutuellement service, que nous servirons mieux, si entre nous, existe un contact..., si nous avons l’occasion de faire revivre entre nous le grand idéal qui a enflammé nos vingt ans. (...) Oui, nous avons gardé cet idéal, nous l’avons retrouvé dans le mouvement adulte, plus grave, mais non moins profond » [6]. L’ancêtre des Feuilles Familiales n’est donc pas à proprement parler une revue familiale. C’est seulement après la guerre qu’il aura ce caractère. Jusqu’en 1945, il reste étroitement lié à la J.O.C. et, par son intermédiaire, au mouvement ouvrier chrétien. L’intitulé Feuilles Familiales apparaît cependant dès 1941, quand reparaît le bulletin après une interruption de quelques mois seulement. « II est surtout composé d’extraits choisis de ci, de là, rappellent, dans un mot liminaire, Paul Garcet, Fernand Tonnet et Léon Soyeur. La littérature catholique conjugale et familiale de ces dernières années est en effet tellement abondante qu’elle constitue une matière quasi inépuisable pour des « Feuilles » du genre de la nôtre. Cette méthode de rédiger nos modestes Feuilles a nos préférences, car il vaut mieux donner des citations d’auteurs compétents et sûrs que de noircir notre papier avec des considérations quelconques ». Ce nouveau bulletin est polycopié. De juin 1941 à avril 1943, il reprend sa forme imprimée. Parallèlement, des groupes se réunissent, comme l’atteste le rapport du 7 mai 1944 cité plus haut : « Des journées d’études, auxquelles des orateurs spécialisés dans les questions familiales prirent la parole, attirèrent à certaines occasions plus d’une centaine de jeunes foyers de Bruxelles. Des veillées religieuses furent organisées à la Centrale Jociste. Enfin, une série de commissions furent créées afin de préparer une équipe de jeunes catholiques spécialisés et compétents dans les grandes questions où le sort des familles est engagé » [7]. Ces manifestations touchent un public proche de celui que rassemble depuis le début de la guerre, en Wallonie et à Bruxelles, la Ligue Ouvrière chrétienne (L.O.C.), l’embryon du futur Mouvement Populaire des Familles. Le projet est de développer une « Action Catholique ouvrière et familiale », suivant l’expression de Paul Garcet, qui est l’un des promoteurs. Malgré le souhait de ses amis, cependant, Fernand Tonnet refuse de se lier à cette initiative. Il n’est pas opposé à la L.O.C., mais pour lui l’éducation populaire compte moins que l’action familiale proprement dite : « II est certain, notera plus tard un proche, que, pour la méthode d’apostolat auprès des Jeunes Foyers, la forme d’organisation à leur donner, Fernand et Paul rencontraient entre eux certaines divergences d’idées (...). Paul voyait avec une certaine inquiétude la L.O.C. se centrer avant tout sur des réunions de familles, basées surtout sur un lien d’amitié. Il semblait chercher une réalisation plus assise, plus vaste ; il envisageait plutôt une vaste organisation, à caractère très social, représentatif, revendicatif... » [8]. La question, malheureusement, n’aura pas l’occasion d’être débattue plus longuement. En juin 1943, Paul Garcet, puis Fernand Tonnet sont arrêtés par la Gestapo. Léon Soyeur poursuit seul la publication des Feuilles Familiales, espérant leur retour. Son seul souci à cette date est de maintenir l’outil. C’est au début de 1945 que parvient la nouvelle de leur mort, à Dachau, en captivité. Une page de l’histoire des Feuilles Familiales est tournée.
Une revue écrite par ses lecteurs
A la Libération, Léon Soyeur, qui est plus un organisateur qu’un écrivain, éprouve le besoin de reconstituer un comité de rédaction. Il s’adresse d’abord à l’abbé Robert Kothen, lui aussi un ancien de la J.O.C., dont il fut l’aumônier national adjoint : « Sa collaboration fut extrêmement discrète, écrit Jacques Leclercq, son biographe, comme tout ce qu’il faisait. On lui soumettait un certain nombre d’articles ; il suggérait des sujets à étudier ; il donnait son avis sur l’orientation générale de la revue et proposait des idées. Il n’y resta d’ailleurs que deux ans. Dès 1947, estimant que d’autres pourraient désormais le remplacer, il donna sa démission » [9] . En 1946, Gaston et Marie-Françoise Pâlisse, à qui Léon Soyeur avait fait appel, dès 1944, pour des articles, prennent en charge la rédaction de la revue. Comme Fernand Tonnet, Paul Garcet, Léon Soyeur et Robert Kothen, Gaston provient de la J.O.C. : il a été le premier propagandiste permanent de la J.O.C. à Charleroi, de 1927 à 1935 [10]. Marie-Françoise a milité à la J.E.C., puis à une section locale et régionale de la J.O.C.F. Peu à peu, pourtant, les Feuilles Familiales perdent leur caractère de bulletin d’anciens jocistes. Le premier numéro paru après la Libération contient encore, en page 2, un article de Cardijn sur la paix intitulé « Le salut de notre ancien aumônier général aux rentrants » et, plus loin, en page 10, il annonce le Congrès régional de la J.O.C. du 26 août 1944. A ce moment précis, mais il n’en sera pas ainsi longtemps, les Feuilles Familiales s’inscrivent dans la mouvance du Mouvement Populaire des Familles, un mouvement familial créé en août 1944, en marge du mouvement ouvrier chrétien, « pour rechristianiser les familles des travailleurs ainsi que celles des autres milieux » : « Nous nous réjouissons des initiatives qui prennent leur départ dans le domaine familial et nous souhaitons fraternellement le plus franc succès au Mouvement Populaire des Familles, dont l’activité apostolique s’oriente nettement vers le relèvement de la Famille dans le milieu populaire, et au sein duquel la plupart de nos foyers d’Anciens sont naturellement appelés à militer » [11]. Sous l’impulsion surtout des époux Falisse, et bientôt de Pierre de Locht, un jeune professeur de l’Institut St-Louis à Bruxelles qui se joint au comité de rédaction en 1946, les Feuilles Familiales opèrent en effet une mutation décisive. En 1941, dans le texte qui a été cité, les rédacteurs déclaraient qu’il valait mieux « donner des citations d’auteurs compétents et sûrs que de noircir notre papier avec des considérations quelconques ». Aujourd’hui, c’est précisément à ces « considérations quelconques » que l’on donne la préférence. La primauté est donnée aux expressions tâtonnantes, incertaines et parfois maladroites mais toujours fondées sur l’expérience des époux eux-mêmes, sur le couple, la sexualité, la famille et l’enfant. Dans Les couples et l’Église. Chronique d’un témoin, Pierre de Locht témoigne ainsi de l’esprit qui anime l’entreprise : « La recherche de sens et de valeurs s’est faite à l’écoute du vécu. N’est-ce pas à cette condition-là seulement que peut s’élaborer tant une pédagogie qu’une authentique réflexion morale ? La recherche était prise en charge par ceux-là mêmes qui étaient plongés, jour et nuit, dans la réalité dont ils s’efforçaient de percevoir le sens, la grâce. La réflexion ne s’élaborait pas au départ de principes, elle surgissait de la vie » [12]. Les Feuilles Familiales sont écrites par leurs lecteurs. Certains experts, en particulier des prêtres, y collaborent, mais ce ne sont pas eux qui donnent le ton à la revue. L’essentiel du travail est assuré par les « équipes de rédaction », des équipes composées de quatre ou cinq foyers, parfois huit, et d’un aumônier, qui se réunissent en général une fois par mois pour discuter d’un thème ou d’un article. En 1963 par exemple, ces équipes sont au nombre de quatre. Trois sont constituées de foyers de moins de quarante ans ; la quatrième regroupe des personnes qui ont l’âge d’être grands-parents [13]. « Une règle d’or, explique le numéro du vingtième anniversaire : les articles proposés sont soumis, sans signature, aux foyers qui, avec leurs aumôniers, constituent nos équipes de rédaction. Ils doivent les remettre avec une appréciation sur le fond, la forme et l’ensemble accompagnée de toutes suggestions utiles » [14]. « Cela donne cours à une liberté complète, poursuit le texte, et parfois à une hilarité complète ». Pierre de Locht, de son côté, rappelle « la vitalité dans ces réunions qui élaboraient, discutaient, fignolaient les numéros mensuels » : « La route n’était pas balisée. On partait à l’aventure, dans le sens le plus riche du mot : ad ventura. Mais en même temps, que de soin, que de vigilance, que de débats interminables avant de publier un article. Je songe, entre autres, au numéro de janvier 1948, consacré pour une large part à la méthode Ogino, dont les articles ont été réécrits jusqu’à 5 ou 6 fois avant d’obtenir le feu vert d’un groupe de rédaction attentif et exigeant ». Presque chaque année, les Feuilles Familiales lancent une enquête auprès de leurs lecteurs. Les questions portent sur la vie conjugale, les relations parents-enfants, la vie religieuse du couple... Les réponses, soigneusement redactylographiées, sont analysées et commentées dans la revue [15].
Les « Feuilles Familiales », « Foyers Rayonnants » et « L’Anneau d’Or »
C’est donc en 1946 que les Feuilles Familiales prennent leur « véritable essor » [16]. C’est à cette époque qu’elles adoptent le statut d’a.s.b.l. L’objet que s’assigne l’association est « l’étude des problèmes aptes à assurer le plein épanouissement de la famille et la diffusion de leurs solutions » [17]. L’originalité des Feuilles Familiales, il faut insister là-dessus, tient au fait qu’elles ne sont liées à aucun mouvement. C’est ce qui les différencie des deux revues familiales qui se lancent exactement au même moment en Belgique, Foyers Rayonnants et, en France, L’Anneau d’Or. La revue Foyers Rayonnants, qui paraît pour la première fois en mars 1946 [18], a pour public « tous les militants et militantes du Mouvement Ouvrier Chrétien ». Les premières années, c’est le Mouvement Populaire des Familles qui tient le secrétariat. Quand il disparaît, en 1950, la Ligue Ouvrière Féminine Chrétienne prend la relève. Comme l’explique le premier numéro : « Ces pages s’adressent à tous les militants ouvriers chrétiens, quelle que soit l’organisation à laquelle ils appartiennent. Elles veulent les éclairer en leur faisant mieux connaître la doctrine de l’Église, les soutenir en fortifiant leur piété et leur union personnelle au Christ. Elles peuvent utilement, au moins dans certains articles, servir de base à des cercles d’études religieux ». Foyers Rayonnants, on le voit, n’est pas, comme les Feuilles Familiales, une entreprise en soi-même. La revue est l’instrument que se donne un mouvement d’équipes de foyers populaires en création. Quel lien unit les deux revues ? A lire les documents de la période de guerre, on se rend compte que les Feuilles Familiales auraient pu, un moment, devenir ce qu’ont été Foyers Rayonnants. Les groupes qui se réunissaient autour des Feuilles Familiales étaient en effet très proches de ce qui allait devenir le Mouvement Populaire des Familles. Dans ce sens, il est permis de dire que Foyers Rayonnants prolonge une partie de l’héritage des premières Feuilles Familiales. Les deux revues, en vérité, sont complémentaires, comme en témoigne, aujourd’hui, Joseph Verhoeven, un des principaux rédacteurs de Foyers Rayonnants : « Le but essentiel des fondateurs de Foyers Rayonnants est de compléter les Feuilles Familiales. Celles-ci étaient une excellente revue pour aider les foyers à résoudre les problèmes conjugaux et familiaux. Elle n’insistait pas sur le rôle apostolique des Foyers. Pour les anciens jocistes, cet aspect était fondamental. C’est pourquoi nous avons fondé Foyers Rayonnants » [19]. Au demeurant, la revue Foyers Rayonnants va se transformer. A cet égard, l’évolution du sous-titre est significative. De « Pages spirituelles », on passe à « Organe des Foyers Militants engagés dans l’apostolat populaire », puis, en 1956, à « Revue familiale ». A cette date, l’originalité de la revue par rapport aux Feuilles Familiales se perçoit moins bien. Finalement, en juin 1960, la revue cesse de paraître et les lecteurs sont renvoyés aux Feuilles. « Ces dernières semaines, écrit le dernier numéro, des responsables de la rédaction de Foyers Rayonnants ont eu lieu des conversations avec des représentants de la direction des Feuilles Familiales, qui est aussi une revue pour les foyers. Ces rencontres ont fait apparaître l’intérêt qu’il y aurait à regrouper les efforts en ce domaine. Cela permettrait entre autres de servir à tous les foyers qui le souhaitent une revue conjugale et familiale plus riche parce qu’elle serait le fruit du travail d’un plus grand nombre de rédacteurs » [20]. Les cahiers L’Anneau d’Or peuvent aussi être comparés aux Feuilles Familiales : les deux revues participent du même courant de redécouverte des valeurs conjugales et familiales. Elles visent, pour une part, le même public. C’est au printemps 1945 que paraît le premier numéro [21] ; le cent trente-huitième et dernier sortira en décembre 1967. Cependant, outre le fait que l’une est française et l’autre belge, les deux revues diffèrent notablement. Pour commencer, L’Anneau d’Or est lié à une organisation : les Équipes Notre-Dame [22]. Celles-ci sont très structurées. Le rôle qu’y jouent les aumôniers y est clairement défini. Il en est de même pour L’Anneau d’Or, qui est dirigé par l’abbé Henri Caffarel, le fondateur des Équipes Notre-Dame, et qui se donne - c’est écrit en toutes lettres - un « conseiller théologique », au début le P. D’Ouince, un jésuite. Un grand nombre d’articles est rédigé par des théologiens de métier. Les Feuilles Familiales bénéficient elles aussi du concours de théologiens, Pierre de Locht et Georges Ponteville notamment, mais jamais, malgré certaines pressions [23] , ceux-ci n’ont prétendu exercer une autorité doctrinale. Les Feuilles Familiales sont d’Église, mais elles ne sont pas attachées par un lien institutionnel à la structure ecclésiastique [24].
Des services qui s’autonomisent
Les années 1945-1960 sont, pour les Feuilles Familiales, des années d’essor. Le tirage, ainsi, ne cesse d’augmenter : de 4.025 abonnés en 1945, on passe à 8.181 en 1950, 11.800 en 1955 et 17.200 en 1958 [25]. La revue se lit à l’étranger, en particulier en France et dans les pays francophones. A beaucoup en effet, elle apparaît comme complémentaire de L’Anneau d’Or, qui ne répond pas aux mêmes préoccupations. Mais l’essor ne se mesure pas seulement en nombre d’abonnés. Pour répondre à des besoins apparus en cours de route, la revue se diversifie d’une double manière. D’abord, en lançant de nouvelles publications. Ce sont pour commencer, en novembre 1952, les Notes de Pastorale Familiale pour les prêtres et les religieux. L’intérêt de ceux-ci pour les Feuilles Familiales est si grand que naît l’idée de publier un fascicule séparé qui répond à leurs besoins spécifiques. Les groupes de foyers, qui se multiplient à cette époque, attirent en effet de plus en plus de prêtres. Mais ceux-ci ne sont pas nécessairement bien préparés à ce ministère, qui comporte pour eux des aspects très nouveaux. Ainsi, plus qu’une paroisse ou un mouvement de jeunesse par exemple, un groupe de foyers est l’occasion de relations, sur un pied d’égalité, d’adulte à adulte. Il permet, dans un cadre sécurisant, des contacts vrais et simples avec des femmes. Les groupes de foyers de l’après-guerre ont contribué à modifier l’image du prêtre. Vatican II se prépare. Les Notes de Pastorale Familiale ont accompagné et stimulé ces évolutions. Leur impact sur les mentalités a certainement été important. L’originalité des Notes de Pastorale Familiale vient de ce qu’au lieu d’enseigner aux laïcs, les prêtres s’informent auprès d’eux. Prêtres et laïcs collaborent au sein de l’équipe de rédaction, chacun enrichissant l’autre de son expérience et de sa réflexion. En 1958, les Notes de Pastorale Familiale sont lues par 2.100 prêtres. On y trouve par exemple des notes sur les problèmes de fécondité et de la chasteté, sur les groupes de foyers, sur la préparation au mariage. En décembre 1962, la présentation de la revue est modifiée : les Notes de Pastorale Familiale sont intégrées dans une édition à couverture verte des Feuilles Familiales, qui compte seize pages en plus de l’édition habituelle à couverture rouge et porte le nom de Feuilles et Notes de pastorale familiales. Ce titre sera maintenu jusqu’en juillet 1967 [26]. En mai 1956, d’autre part, est lancée la revue Demain pour les jeunes, dans une perspective de maturation et de préparation au mariage. Elle compte 4.000 abonnés en 1958 et 6.000 en 1963. Elle paraît jusqu’en février 1971. Suivant la méthode expérimentée aux Feuilles Familiales, Demain est entièrement rédigé par des jeunes, sous la responsabilité d’un jeune foyer. Pendant longtemps, et jusqu’à l’interruption de la revue, cette tâche est assurée par Jean et Claudine Hinnekens. Enfin viennent les éditions. Un premier volume, Foyer Fécond, qui est la reprise de divers articles parus entre 1947 et 1951 sur le thème de la fécondité, paraît en 1952. Il connaît une large diffusion. Fin 1962, trente-huit mille exemplaires ont été vendus [27]. En 1963, les Editions Feuilles Familiales proposent vingt-deux titres, auxquels s’ajoutent les six titres de la collection « La vie et l’amour ». Plusieurs de ces ouvrages sont traduits en allemand, en espagnol et en italien. D’autre part, la revue propose des services : conférences et récollections, bibliothèque, service de consultations conjugales, service de préparation au mariage... Ainsi, si elle n’est pas liée à un mouvement, il n’est pas faux de dire qu’elle devient un mouvement, pour un temps d’ailleurs, car après quelques années, chacun de ces services va s’autono-miser. Comme pendant la guerre, mais sans se limiter au public des militants ouvriers, les Feuilles Familiales organisent des conférences et des récollections. Une bibliothèque spécialisée est ouverte au public, 54 rue Marie de Bourgogne, à Bruxelles. Largement fréquentée, elle comptera jusqu’à neuf mille volumes. Un service d’étude est également mis en place. Très significative aussi des méthodes de travail des Feuilles Familiales est la création du centre de consultation conjugale. Le point de départ, en 1946, est une équipe, animée par Léon Soyeur, qui prépare des réponses au courrier des lecteurs, dans le cadre de la rubrique « Entre nous » [28]. La suggestion venait du P. Boigelot, l’écrivain jésuite, plus connu sous le nom de Pierre Dufoyer. Peu à peu, l’équipe se structure et devient interdisciplinaire : quelques couples, un médecin, un prêtre. Quelquefois, des lecteurs demandent à rencontrer un membre de l’équipe. On se rend compte que la réponse écrite, si soigneusement élaborée soit-elle, tient trop peu compte de la sensibilité et des réactions du consultant. Ainsi naît l’idée d’un service de consultation conjugale. En 1959, le Centre National de Pastorale Familiale organise, dans les locaux des Feuilles Familiales et en lien avec elles, une session pour les personnes qui font de la consultation conjugale sur le tas. Une formation de vingt soirées est proposée. L’orateur chargé d’ouvrir la session est le psychanalyste suisse Théodore Bovet, un protestant, qui dirige alors à Baie le Centre Chrétien d’étudedessciencesdu mariage et de la famille [29]. C’est en 1963 que le Bureau des Consultations Conjugales prend son autonomie, tant par rapport aux Feuilles Familiales qu’au Centre National de Pastorale Familiale, que Pierre de Locht a créé entre-temps, en 1958, à la demande des évêques belges [30]. De la même façon, le Service de Préparation au Mariage est né empiriquement. La demande est venue de la J.O.C., au début des années 50. Une première récollection pour fiancés est organisée, à Uccle, puis une équipe de prêtres et de laïcs est mise en place. Les rencontres répondent à une nécessité ressentie toujours plus vivement. Les fiancés et à plus forte raison les jeunes n’ont aucun lieu où parler de l’amour, de la sexualité, du mariage. Il faut briser le silence. Le Service de Préparation au Mariage, aussi bien, connaît un grand succès. Il développe son action : au début, le public visé est celui des fiancés à la veille de se marier. Plus tard, on s’adresse aussi aux non-fiancés. Il apparaît en effet que la préparation lointaine au mariage est aussi importante que la préparation immédiate. Comme le Bureau des Consultations Conjugales, le Service de Préparation au Mariage s’autonomise. Il est confié aux soins de Marie-Rosé et Jean Degive en 1964-65.
Des « Feuilles Familiales » aux « Nouvelles Feuilles Familiales »
Une revue pour les prêtres, une autre pour les jeunes, des éditions, des conférences, un centre de documentation, un bureau de consultation conjugale, un service de préparation au mariage... : la liste est longue des réalisations. Dans les années 1945-1965, les Feuilles Familiales font preuve d’un dynamisme remarquable. Puis vient une période de difficultés. La plupart des services de la revue sont cédés, y compris la bibliothèque, qui est vendue à l’Université de Louvain en 1971. La revue Demain, qui ne comptait plus à la fin que cinq cents abonnés, est abandonnée. Les Feuilles Familiales elles-mêmes sont incertaines de leur avenir : en 1973, il ne reste plus que 8.000 abonnés belges et environ un millier à l’étranger. Pourquoi cette crise ? Dès 1968, un groupe de réflexion est constitué à ce sujet. Un des textes rédigés dans ce contexte, en février de l’année suivante, met l’accent, surtout, sur la multiplication des revues relatives au couple et à la famille. Les Feuilles Familiales seraient en quelque sorte victimes de leur succès : « Plusieurs faits survenus ces dernières années tels que : 1. la stagnation ou diminution des abonnements, 2. Les difficultés en général dans les éditions et 3. L’augmentation importante des revues ou périodiques soit de type fami lial, soit d’un autre genre, mais qui abordent les problèmes conjugaux et familiaux nous ont amené à poser des questions essentielles au sujet de notre revue (...) : A. Dans tout ce concert d’informations, les F.F. ont-elles encore un rôle à remplir ? Quelle en est la spécificité ? B. Les grandes valeurs de promotion du couple et de la femme, pour lesquelles les F.F. se sont battues, sont admises actuellement dans bien des revues et des milieux informatifs. Ne faut-il pas alors prendre des options nouvelles ? Lesquelles ? C. Quels sont les besoins actuels des jeunes foyers ? Comment y répondre afin de les accrocher ? ». En 1973, la revue continuant à perdre des abonnés, Marie-Françoise Pâlisse revient sur cette explication dans une note de travail : « Ayant joué un rôle de pionnier dans le secteur familial, où elles ont abordé les premières des sujets délicats, difficiles et peu souvent mis en évidence, les Feuilles Familiales ont vu leur nombre d’abonnés croître très régulièrement et très sérieusement. Mais, sans doute à cause du succès de leur entreprise, un peu à la fois, on a vu fleurir dans toutes les revues dites féminines, dans tous les hebdomadaires, et même dans les quotidiens, des rubriques familiales et conjugales... Ce qui est réjouissant en quelque sorte, mais ce qui explique aussi une certaine désaffection vis-à-vis des Feuilles Familiales. Les revues et périodiques que l’on vient d’évoquer, on peut les feuilleter chez tous les libraires de quartier, c’est plein de couleur, de publicité, quand tout va bien, cela se réfère à une morale naturelle, tandis que les Feuilles Familia- les à cause de leur manque de possibilités financières sont restées de présentation sévère, sans illustrations, sans couleur et... il faut faire l’acte de foi de s’y abonner pour un an ». Les Feuilles Familiales ont-elles perdu des abonnés uniquement en raison de l’apparition de revues concurrentes ? L’explication, en fait, doit être élargie. Les Feuilles Familiales sont, aussi, victimes de la crise, ou en tout cas de l’ébranlement de la spiritualité chrétienne du couple et du mariage. La revue a été amenée à se prononcer sur des sujets controversés : de l’aveu même de ses rédacteurs, ces prises de position - et, faudrait-il ajouter, l’orientation générale de la publication - - ont conduit des lecteurs à se désabonner. Le sujet le plus débattu est, bien évidemment, l’encyclique Humanae Vitae, qui est rendue publique en juillet 1968. Les Feuilles Familiales convoquent immédiatement une réunion à laquelle assistent une centaine de personnes. La revue exprimera clairement ses réserves dans un article qui paraît en octobre suivant : « A propos de la licéité des moyens de régulation dont traite la partie principale de l’Encyclique, nous ne parvenons pas à nous sentir d’accord avec le texte pontifical (...). L’Encyclique nous déconcerte par la pauvreté de l’argumentation qu’elle déploie ». Par la suite, Pierre de Locht, qui a été membre de la Commission Pontificale « Famille-Natalité » créée par Jean XXIII pour donner un avis sur la régulation des naissances [31], est sollicité. Son article, qui paraît en février 1969, pose le problème des modalités de l’exercice de l’autorité [32]. Entre-temps, un groupe de travail « Humanae Vitae » a été constitué. De là naît un important dossier qui est publié dans le numéro de juillet 1968.. Les avis favorables et défavorables à l’encyclique sont présentés et analysés. Les Feuilles Familiales relèvent qu’un « certain nombre » de lecteurs ont réagi défavorablement à la position prise par les Feuilles Familiales au sujet de l’encyclique : « Ces réactions sont loin de nous laisser insensibles, qu’elles se traduisent ou non par des désabonnements, comme ce fut parfois le cas. (...) Avec les lecteurs déçus ou désorientés par notre manière de voir, comme avec les lecteurs satisfaits, nous souhaitons poursuivre le dialogue en toute franchise, non cependant sans rejeter l’accusation parfois lancée de faire fi de l’autorité pontificale ou de ne pas travailler à la promotion de la morale chrétienne dans l’Église catholique » Feuilles [33]. C’est dans ce contexte que paraît, dans le numéro de mars 1971, une déclaration du cardinal Suenens, l’archevêque de Malines-Bruxelles, « encourageant » les Feuilles Familiales. « En ce moment, il faut une dose supplémentaire de courage et de confiance pour poursuivre votre travail », écrivait-il après avoir rappelé qu’« il y a de nombreuses années », il avait - comme évêque auxiliaire - assisté à des réunions des Feuilles Familiales [34]. Jamais, les Feuilles Familiales ne prendront le ton de la contestation. Mais elles entendent demeurer ouvertes au débat. Même lorsqu’il s’agit de l’avortement ! Cinq numéros successifs abordent cette question difficile, de septembre 1972 à janvier 1973, sous le titre : Les F.F. parlent de l’avortement, ce qui ne veut pas dire que les F.F. sont « pour » l’avortement. Puis vient, en juillet-août 1973, un numéro spécial, très informé, sur « amour, vie et contraception ». Le point de vue adopté en 1968 est maintenu : l’encyclique Humanae Vitae mérite d’être prise en considération, mais elle n’a pas dit le dernier mot. Les Feuilles Familiales, on le voit, maintiennent le cap, tout en perdant une partie de leur audience. Les réflexions sur le public de la revue et sa spécificité aboutiront, en 1975, à la décision d’en changer le titre, la présentation et jusqu’à un certain point le contenu. Une nouvelle époque commence. Ainsi voient le jour, en janvier 1976, les Nouvelles Feuilles Familiales. Marie-Françoise Pâlisse vient de quitter la direction de la revue. Elle a souhaité être remplacée par Monique Laurent, la fille de Paul Garcet. A présent, les numéros - six par an - sont tous à thèmes et les questions de société ont plus de place, comme en témoigne le numéro de mars-avril 1976 qui s’ouvre sur un interview de Geneviève Ryckmans sur le thème « Femme et Politique » et propose, entre autres, un article sur l’animation de quartier. Désormais, ce sont de nouveaux défis qu’il faut relever, en raison de l’émancipation de la femme, de la redistribution des rôles à l’intérieur de la famille et de la socialisation plus précoce de l’enfant. Par ailleurs, la sécularisation de la société transforme les rapports à la foi, à l’Église et à l’éthique. Les Nouvelles Feuilles Familiales prennent ainsi position en faveur d’une dépénalisation partielle de l’avortement, au nom de l’idée que la morale et la législation, bien que liées, ne se confondent pas et doivent dont être séparées. Une autre préoccupation, enfin, est la crise économique, dont les répercussions sur les familles sont de plus en plus sensibles [35].
Philippe DENIS
[1] Cet exposé a été rédigé dans le cadre du cinquantième anniversaire des Feuilles Familiales (cfr La Revue Nouvelle, décembre 1987, p. 527-528). Je remercie Pierre de Locht, Marie-Françoise Falisse, Monique Laurent et Joseph Verhoeven qui m’ont apporté leur témoignage. France Clément a consacré son mémoire de l’Institut Supérieur des Sciences Religieuses (Les « Feuilles Familiales », 1938-1986 : un bilan, Louvain-la-Neuve, 1988, xvii-101 p.) à « l’évolution du vocabulaire lié à la famille et, par là, à l’évolution de la famille elle-même, selon l’image qu’en donnent les Feuilles Familiales ».
[2] Une collection complète des Feuilles Familiales est conservée au secrétariat des Nouvelles Feuilles Familiales, rue du Fond, 148 à 5020 Malonne. Une collection presque complète se trouve aux Archives de la JOC/F à Bruxelles, ainsi qu’à la Bibliothèque de théologie de l’U.C.L., à Louvain-la-Neuve.
[3] Marguerite FIEVEZ, La vie de Fernand Tonnet, premier jociste, Bruxelles - Paris - Genève, 1947, p. 351.
[4] Pierre DE LOCHT, Les couples et l’Église. Chronique d’un témoin, Paris, 1979, p. 17.
[5] Tous deux provenaient de la J.O.C. Léon Soyeur avait été responsable fédéral à Liège. Paul Garcet était membre, avec Fernand Tonnet et Jacques Meert, du « trio fondateur » de la J.O.C. De 1925 à 1933, il avait été le trésorier du mouvement.
[6] Aux anciens, n° 2, janvier 1939. Benjamin est un des pseudonymes sous lesquels écrit Joseph Verhoeven.
[7] Sur les activités des Feuilles Familiales pendant la guerre et leurs liens avec l’Action Catholique Ouvrière et l’Action Familiale, voir le numéro spécial consacré à Fernand Tonnet et à Paul Garcet à l’annonce de leur mort (Feuilles Familiales, n° 48-49, printemps 1945). Comparer avec la situation française : De l’action catholique au mouvement ouvrier. La déconfessionalisation du Mouvement Populaire des Familles, 1941-1950. Journée d’étude du 1" octobre 1983, Groupe ment pour la Recherche sur les Mouvements Familiaux, Hem (France), 1984.
[8] Papiers Paul Garcet, n° 9. Je remercie Marguerite Fiévez qui a bien voulu mettre à ma disposition le dossier (8 lettres et une note, 1943-1945) relatif à cette affaire.
[9] Jacques LECLERC, L’abbé Robert Kothen. Une vie de prêtre, Namur, 1958, p. 42.
[10] Joseph DUSSART, Les fédérations jocistes de Namur et de Charleroi (1925- 1936), mémoire de licence en histoire, U.C.L., 1969, p. 94.
[11] Feuilles Familiales, n° 43 (novembre-décembre 1944).
[12] P. DE LOCHT, op. cit., p. 14.
[13] Feuilles Familiales, octobre 1963 (numéro du vingt-cinquième anniversaire), p. 53-54.
[14] Foyers Rayonnants, octobre 1958, p. 294.
[15] Les réponses, redactylographiées et classées, à huit de ces enquêtes (9 dossiers, 1947-1960) ont abouti dans les Papiers François Houtart, boîtes 13-15, conservés au Centre Lumen Gentium, à la Faculté de Théologie de l’UCL. Cfr. Cl. SOETENS, Concile Vatican II et Église contemporaine (Archives de Louvain-la-Neuve). I. Inventaire des Fonds Ch. Moeller, G. Thils, Fr. Houtart, Louvain-la- Neuve, 1989, p. 156.
[16] P. DE LOCHT, op. cit., p. 13.
[17] Annexes du Moniteur belge du 20 mars 1947. L’a.s.b.l. est fondée le 12 janvier 1947.
[18] A vrai dire, une feuille intitulée Foyers Rayonnants paraissait déjà pendant la guerre. Cfr Papiers Paul Garcet, n° 9.
[19] Lettre à l’auteur du 2 novembre 1987.
[20] Foyers Rayonnants ne disparaît pas tout à fait. Une « équipe centrale » de foyers établis principalement dans la région liégeoise fait paraître à partir de 1960 des Notes documentaires annuelles, qui se transforment, quelques années plus tard, en une revue polycopiée trimestrielle intitulée E.R.A.C. Échange - recherche - action en couples, Bulletin contact.
[21] L’Anneau d’Or faisait suite à une publication parue en 1943 et 1944 sous le titre de Lettre à de jeunes Foyers, puis Foyers, recherche de vie spirituelle.
[22] La première équipe, qui n’aura qu’une durée éphémère, est créée en 1938 autour de l’abbé Caffarel. C’est à la fin de la guerre que le mouvement commence son expansion, en France, en Belgique et en Suisse. Les Équipes Notre-Dame ne sont officiellement fondées que le 8 décembre 1947.
[23] Vers 1955, à la suite d’une dénonciation à l’archevêché de Malines, Pierre de Locht fut désigné, comme « garant de l’évêque et chargé de la censure pour les affaires courantes » (P. DE LOCHT, op. cit., p. 15-16). Mais ni lui, ni ceux qui l’ont remplacé n’ont accepté de se voir comme une instance ecclésiastique chargée de contrôler le travail des laïcs de la revue.
[24] Les ouvrages publiés sous la responsabilité des Feuilles Familiales sont cependant soumis à l’imprimatur. Cette procédure sera abandonnée en 1968 : elle fait « un peu curieux à notre époque », déclare une note de travail interne.
[25] Feuilles Familiales, octobre 1958, p. 290.
[26] De janvier 1948 à novembre 1962, les Feuilles Familiales portaient le sous- titre : Revue de vie conjugale. En octobre 1967 et jusqu’en décembre 1972, elles reçoivent à nouveau un sous-titre, qui devient après quelques numéros un avant- titre : L’amour et la vie.
[27] P. DE LOCHT, op. cit., p. 78-79. Le chiffre de vente figure dans Feuilles Familiales, octobre 1963, p. 449.
[28] Pierre de Locht conserve dans ses archives personnelles un dossier d’envi ron huit cents lettres de lecteurs.
[29] Les Éditions Universitaires (Paris) et les Éditions Feuilles Familiales coéditeront en 1962 la traduction de l’allemand d’un ouvrage de Théodore Bovet : Pour mieux vivre la vie et l’amour.
[30] Le C.N.P.F., devenu ensuite C.Ë.F.A. (Centre d’Éducation à la Famille et à l’Amour), n’a jamais été lié institutionnellement aux Feuilles Familiales. Mais Pierre de Locht, son premier directeur, était issu des Feuilles Familiales et plusieurs collaborateurs de la revue ont été liés au C.Ë.F.A. Au moment des tensions entre l’épiscopat belge et le C.Ë.F.A. à propos des prises de position de ce dernier en matière d’éthique sexuelle, les Feuilles Familiales se sont abstenues de soutenir le C.Ë.F.A. Une mise au point parut dans le numéro de janvier 1973 des Feuilles Familiales sous le titre A propos des relations entre l’épiscopat belge et le CEFA (p. 33) : « (...) Certes, la question ne concernait pas ’directement’ les Feuilles Familiales lancées en 1939 par un laïc, Fernand Tonnet. Et structurellement, les F.F. sont tout à fait indépendantes du centre créé en 1958 sous le sigle C.N.P.F. (Centre National de Pastorale Familiale), devenu depuis le C.Ë.F.A. (Centre d’Éducation à la Famille et à l’Amour). Mais nous avions salué avec joie la création de cet organisme et suivi avec sympathie son développement, d’autant plus que le chanoine de Locht, qui a participé à l’équipe de direction des F.F., nous quitta en 1958, pour assurer la responsabilité centrale du CEFA (...) ». Trois mois plus tard, en avril, le C.Ë.F.A. cessait d’être reconnu par les évêques de Belgique et Pierre de Locht était déchargé du mandat de responsable de la pastorale familiale.
[31] Sur cette commission, voir l’ouvrage cité de Pierre de Locht.
[32] « Six mois après l’encyclique Humanae Vitae : rejet ou fidélité nouvelle ? », Feuilles Familiales, février 1969, p. 81-86.
[33] Familiales, juillet 1968, p. 343-344.
[34] Ibid., mars 1971.
[35] Aujourd’hui, les Nouvelles Feuilles Familiales se présentent sous deux visa ges : N.F.F. Dossiers, qui abordent les questions de fond, et N.F.F. Pulsations, plus centrés sur le quotidien. Les deux publications sont quadri-annuelles. La présentation, davantage professionnelle, avec photos et maquettes graphiques, permet, désormais, la vente au dossier en librairie. Un essor neuf se dessine grâce aux multiples animations réalisées par les Nouvelles Feuilles Familiales, depuis 1986, dans le pays. Ce regain est probablement lié à l’intérêt qu’a repris la famille dans tous les milieux, chrétiens ou non.