Les commencements1
L’histoire commence modestement le 22 décembre 1938. Fernand Tonnet, ex-président de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, estime important d’envoyer à d’anciens jocistes sept feuillets polycopiés parlant de questions conjugales et familiales, ce qui est neuf à l’époque.
Pendant les années de guerre et jusqu’en 1945, les numéros de la revue restent liés à la JOC et au Mouvement Ouvrier Chrétien et dès 1941 s’intitulent Feuilles Familiales. L’objectif des éditeurs est de « donner des citations d’auteurs compétents et sûrs plutôt que de noircir notre papier avec des considérations quelconques ». Nous dirions aujourd’hui : parole aux experts et aux scientifiques.
Une mutation décisive : une revue écrite par ses lecteurs
En 1946, sous l’impulsion des époux Falisse, de Georges Ponteville et de Pierre de Locht, la primauté est donnée à la parole des époux eux-mêmes sur le couple, la sexualité, la famille, l’enfant. Pierre de Locht écrit : « la recherche de sens et de valeurs s’est faite à l’écoute du vécu. N’est ce pas à cette condition-là seulement que peut s’élaborer tant une pédagogie qu’une authentique réflexion morale ? »2
En 1947, les Feuilles Familiales adoptent le statut d’asbl avec comme objet : « l’étude des problèmes aptes à assurer le plein épanouissement de la famille et la diffusion de leurs solutions »3. Elles ne sont pas attachées par un lien institutionnel à la structure ecclésiastique ni à aucun autre mouvement.
Une revue ouverte au débat
Durant les années 50 et 60, les Feuilles Familiales diversifient leurs actions pour répondre aux besoins de l’époque (une revue pour les prêtres et les jeunes, un centre de documentation, une maison d’édition, un bureau de consultation conjugale, un service de préparation au mariage, des conférences, …).
Fin des années 60 et début des années 70, la revue est amenée à se prononcer sur des questions controversées qui créent un divorce entre l’institution catholique romaine et un grand nombre de chrétiens. Elle se veut ouverte au débat avec tous et toutes. Elle exprime clairement ses réserves à propos de l’encyclique Humanae Vitae. Elle se positionne en faveur d’une dépénalisation partielle de l’avortement.
Une revue confrontée à de nouveaux défis
En 1976, des réflexions sur le public de la revue et sa spécificité aboutissent à la décision de changer de titre pour devenir les Nouvelles Feuilles Familiales. Les questions de société et économiques ont plus de place. Des nouveaux défis sont rencontrés en raison de l’émancipation de la femme, des nouvelles façons de vivre en couple et en famille, de la socialisation plus précoce de l’enfant, de la sécularisation de la société ...
Toujours en 1976, avec l’arrivée de Monique Laurent-Garcet, le « Mouvement Couple et Famille » est créé afin de développer, en lien avec les « Feuilles Familiales », ses activités dans le cadre de l’éducation permanente. Cette nouvelle asbl est agréée et subventionnée par le Ministère de la Communauté française4 de Belgique.
Continuité et évolution
De 1985 à 2017, José Gérard et Jean Hinnekens assurent en duo la continuité des objectifs des deux asbl : « réaliser et proposer des outils qui tiennent compte de toutes les préoccupations matérielles et spirituelles et qui permettent aux personnes de mieux vivre leurs relations, leur vie de couple et de famille; favoriser l’éclosion d’une société où chacun peut construire des relations épanouissantes basées sur les valeurs d’égalité, d’autonomie et de solidarité. »5 - « l’étude des problèmes aptes à assurer le plein épanouissement de la famille et la diffusion de leurs solutions ».
Pour mieux prendre en compte la diversité des situations de vie, le mouvement devient en 2004 « Couples et Familles », le pluriel étant préféré au singulier pour prendre en compte les diversités de vie. Les dossiers et publications continuent toujours à être réalisés par les membres, de manière collective, à tous les stades de la réalisation, depuis le choix, la conception, la diffusion et la mise en débat dans l’espace public. Ils font aussi appel à des personnes connues pour leur expertise. Les thèmes sont travaillés avec un regard pluriel et critique.
Les asbl adaptent leurs communications avec l’apparition et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, du lien avec les médias traditionnels et surtout sociaux. Les publications s’ouvrent à la promotion des droits individuels et collectifs (y compris des minorités), du droit au développement durable, d’une société plus égalitaire et ouverte à tout être humain en situation d’exclusion et de précarité.
Depuis 2019, une jeune équipe de permanents prend la relève de José Gérard pour donner un nouveau souffle à l’association.
En 2021, il est mis fin à l’asbl « Feuilles Familiales » qui confie toutes ses activités à l’asbl « Couples et Familles ».
1 Synthèse de la publication de Philippe Denis,dans la "Revue d’histoire ecclésiastique", vol. LXXXIV (1989), n°2, à Louvain
2 P. de Locht, Les couples et l’Eglise. Chronique d’un témoin
3 Annexes du Moniteur belge du 20 mars 1947
4 Aujourd’hui : Fédération Wallonie-Bruxelles
5 Voir le site : www.couplesfamilles.be ; nos objectifs
